Lars Van Trier n'a rien à dire. Et il le dit en 1h50... Il n'y a rien à sauver de son Nymphomaniac, volume 1. Verbeux, faussement intello. Il n'évite aucun écueil. Et personne, à part Charlotte Gainsbourg, très peu présente dans cette première partie il faut dire, ne s'en sort convenablement.
Boudiou que c'est verbeux... Nymphomaniac est un film à branlettes. Mais intellectuelles, les branlettes. Lars Van Trier dont, décidément, il va falloir commencer à se demander si sa notoriété n'est pas usurpée, livre un film d'une insipidité rare. Il doit en être conscient d'ailleurs, le bougre, puisque, dans un bandeau assez hallucinant en début de film, il se déclare censuré dans son montage... tout en, dit-il, validant quand même - malgré lui, donc - la version que l'on s'apprête à voir.
Pas de quoi nous rassurer. Et on a bien raison d'être inquiet car, pendant 1h50, on se demande où diable Van Trier veut nous conduire. Le sujet, de toute manière, était casse-gueule. L'histoire de Joe (Charlotte Gainsbourg), ramassée un beau jour en sang dans la rue par Seligman (Stellan Skarsgard), et qui lui raconte sa vie de nymphomane.
Une vision bien négative de la liberté sexuelle féminine
L'originalité scénique d'un banal film de cul... sans les avantages. |
Un bon début pour un film porno, assurément, mais pour du cinéma... beaucoup moins. Parce que, évidemment, ce n'est pas du porno. Pas de quoi en sortir avec une demi-molle, ça non alors. Et encore heureux, en vérité, car ce Volume 1 est consacré à la jeunesse de Joe. Pas de Charlotte Gainsbourg dans les scènes de cul, encore, mais une Joe adolescente jouée par Stacy Martin. Et quand on dit adolescente, c'est vraiment adolescente. Limite avec un physique de gamine prépubère. Du coup, on est bien content d'éviter des gros plans et de scènes aussi longues que celles de La vie d'Adèle par exemple. On en aurait vomi, sinon.
C'est déjà ça. Mais, puisque ce Nymphomaniac n'est pas un film porno, qu'est-il, alors? Eh bien, si vous le savez, dites-moi, je suis preneur. Les scènes de simili cul se succèdent sans qu'on en comprenne bien le sens. Où veux-tu nous mener, Lars? Joe, version Charlotte Gainsbourg, est assez touchante. Elle ne cesse de se dévaloriser, affirmant à Seligman qu'elle n'est rien d'autre qu'une mauvaise personne. Et les multiples scènes de flashbacks avec Joe plus jeune (Stacy Martin) sont censées nous le démontrer.
Or, je dois être sans doute très ouvert d''esprit, mais je ne vois dans ces scènes de sexe que des amusements, certes grivois, de gamines délurées. De jolies petites salopes qui aiment la bite, cela dit, il faut avouer. Mais bon. Mettons cela sur le compte de simples erreurs de jeunesse et pas de quoi, donc, voir Joe-Charlotte Gainsbourg en retirer autant de haine de soi. C'est d'ailleurs assez dérangeant, je trouve - pour ne pas dire détestable - de voir Van Trier juger de manière aussi négative cette liberté sexuelle féminine. Pas sûr qu'il en aurait tiré le même bilan s'il avait été question d'un homme. Mais passons.
Un conseil : attendez le Volume 2
Uma Thurman a la chance de figurer dans la seule scène réussie du film. |
Là n'est pas le plus grave. Le plus grave, c'est que Van Trier, visiblement, n'a rien à dire. Aucune idée. Aucune inventivité. Il tire méchamment à la ligne et cela dégouline d'ennui sur l'écran. Rien que sa scène d'entrée en est la plus parfaite illustration. Celle où Seligman découvre Joe par terre, en sang, dans la rue. Reflet parfait du talent gâché de Van Trier. De jolis plans, très cinématographiques. Des murs de briques rouges, sombres et inquiétants, dans un quartier désaffecté. Des mouvements de caméras rapides, saccadés, qui rajoutent à l'anxiété qui monte. La pluie qui s'en mêle, et le bruit, entêtant, des gouttes d'eau qui tombent. La caméra qui s'approche, soudain. Dont on imagine qu'elle va plonger vers le sol pour nous faire découvrir ce que l'on imagine.
Jusque-là, parfait. Mais voilà que cette caméra s'en va, continue son chemin, revient en arrière, et zoome à nouveau. Déjà, on a compris. Ce sera long. Trop long. Avec quantités d'images inutiles. On n'est pas déçus. Tout dure des plombes. Comme s'il suffisait de multiplier les plans pour occuper le vide. Navrant.
C'est, en plus, le seul effet de mise en scène. Avec, quand même, il faut le dire, une scène assez géniale avec Uma Thurman, en femme cocue qui vient crier sa détresse. Cette scène, oui, est très bonne. Le reste est d'un commun affligeant. Et prière de ne pas compter sur les dialogues pour rehausser l'ensemble. Plats, eux aussi. Le jeu des acteurs, alors? Non plus. Stacy Martin traverse le film sans susciter la moindre émotion. Et seule, finalement, Charlotte Gainsbourg, pour l'heure seulement allongée sur un lit, une tasse de thé à la main, s'en sort. Elle est juste, comme toujours, sobre et, de sa petite voix à moitié éteinte fait, elle, passer de l'émotion.
Le Volume 2, qui sort le 29 janvier, lui sera entièrement dédié avec, enfin, une Joe adulte tout au long du film. Donc Charlotte Gainsbourg partout. A priori, mieux vaut donc attendre de Volume 2 si vous voulez voir Nymphomaniac. Car moi qui ai vu le Volume 1, pas sûr que j'aie le courage de m'y rendre.
Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 5/20
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