01 janvier 2014

"Le loup de Wall Street" : à trop ménager la chèvre...

Trois heures de film, c'est bien trop long. Passerait encore si tout était mené sur un rythme haletant. Ce n'est pas le cas et on s'ennuie ferme avec ce Loup de Wall Street, trop futile. Sauf, peut-être, durant la dernière heure, mais c'est bien tardif.


Il faut arrêter avec les films de 3h. Mais vraiment ! C'est beaucoup, beaucoup trop long. Il en va ainsi du Loup de Wall Street. C'est du Scorsese. C'est avec Di Caprio. Deux valeurs sûres, évidemment. Lesquelles évitent le naufrage, on s'en doute. Mais on s'ennuie. C'est bien simple, on peut arriver une heure à la bourre que ce n'est pas bien grave. Et si la fin - toute la dernière heure - réveille l'intérêt, c'est malgré tout bien tard. Trop tard.
Je ne suis même pas certain, en plus, que Scorsese parvienne franchement à dénoncer ce petit monde de la finance, comme il prétend le faire.

Bien du mal à s'intéresser à ces successions d'orgies

Oh! bien sûr, Jordan Belfort est un fieffé enculé. L'histoire d'un sombre connard, cynique et sans limite, prêt à tout pour faire du pognon avec tout et, surtout, sur le dos de n'importe qui. Trader à la fin des années 1980, il est d'abord emporté par la vague du lundi noir d'octobre 1987 avant de rebondir sur des matelas de millions en fondant sa propre boîte de courtage, Stratton Oakmont. L'idée? Vendre le maximum de merdes à un maximum de benêts qui espèrent s'enrichir en achetant des actions... Et ça marche. Bien sûr que ça marche, puisqu'il n'y a que le pognon qui fait avancer le monde.
Argent facile. Drogue diverses et putes en tous genres (et inversement). Scorsese filme tout ça avec un brin de condescendance. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il en fait l'apologie, ça non, mais qu'on soit bien clair pour autant : si ce Loup de Wall Street est une diatribe contre ce milieu des traders fou, alors moi je suis moine franciscain.
A aucun moment on ne les méprise, ces imbéciles de junkies de Stratton Oakmont. Cela pue la magouille, et on les regarde s'enfoncer dans leur déni de la réalité sans ciller. De loin. Et c'est mauvais signe si c'est "de loin". Parce que ça veut dire qu'on s'en fout. Qu'on a du mal à entrer dans le film. A s'intéresser à ces orgies qui se succèdent à l'écran.

Les vrais loups de la finance sont ailleurs
Money, money, money...


C'est peut-être le sujet qui m'ennuie, allez savoir. Déjà, avec Margin Call, je m'étais royalement emmerdé. Pour moi, ces films qui prennent des exemples venus d'en-haut pour dénoncer la finance pourrie jusqu'au trognon, se trompent de cible. Putain, ces traders font du pognon en profitant du système? La belle affaire. Ils ont bien raison.
Le vrai scandale est ailleurs. Il est dans ces AG d'actionnaires où l'on voit, une fois l'an, les Pdg et les directeurs financiers, d'un air las, tenir le bilan comptable de leur boîte. Des discours lénifiant où il n'est question que de "+" ou de "-", de bénéfices et de marges, sans jamais qu'il soit fait mention de l'humain. Inévitablement, dans ces AG, les syndicats viennent râler - pas d'augmentation de salaires, des suppressions d'emplois, etc. Et, inévitablement, la tension monte. Il faut voir la meute des petits actionnaires, endimanchée. Il faut la voir, cette meute, recouvrir de ses cris - "Nos dividendes ! Nos dividendes !" - les beuglements syndicalistes. Des gens normaux, pourtant. Même pas riches, non, même pas riches. Juste de pauvres types qui se sentent importants parce qu'ils ont investi une centaine d'euros en actions. Et qui veulent, coûte que coûte, toucher leurs putains de dividendes. Les vrais loups de la finance, ce sont eux, je trouve.

Heureusement que Di Caprio est là

God bless... Di Caprio !!
Tout ça pour dire que, dans ce contexte, Jordan Belfort et sa bande apparaissent un peu moins cons que cette masse indigente. Eux, au moins, ont compris que ce système ne reposait sur rien de tangible. Et puis, après tout, ce n'est pas eux qui l'ont mis en place. Ils arrivent, ils s'installent... et ils se servent... Tant qu'ils peuvent. Et autant qu'ils peuvent. C'est écœurant, ça oui. Scorsese montre bien la futilité de l'ensemble. Mais... so what ? Quoi de neuf, mon grand ?
Pas grand-chose. Heureusement qu'il y a Di Caprio, parfait, comme toujours, dans le rôle de Belfort. Di Caprio est un grand, mais ça on le savait déjà. Le scénario, lui, est sans surprise. Souvent plat même et, 3h obligent, avec des longueurs abyssales. La mise en scène n'a rien d'extraordinaire non plus. Bon, qu'on s'entende bien : c'est du Scorsese, et le garçon sait faire du cinéma. Mais rien d'inoubliable. Quelques scènes bonnes, mais rares finalement - des prises de drogues qui tournent mal.
Et, quand même, une seconde partie du film plus intéressante. Un poil plus complexe, avec une mise en parallèle entre le cynisme qui rapporte des millions de Belfort-Di Caprio, ci-devant le vice, et la vertu qui ne nourrit pas trop son homme de l'agent du FBI Denham, incarné par Kyle Chandler. Lequel Kyle Chandler jouait autrefois dans Demain à la une. Et je demande d'ailleurs si je n'aurais pas préféré revoir un épisode de Demain à la une plutôt que ce Loup de Wall Street.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 7/20

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