08 août 2015

La Rage au ventre, banal à mourir (d'ennui)

Filmer du sport n'est jamais simple. Le grand danger étant de se dire que la beauté des images palliera les faiblesses du scénario. Antoine Fuqua, qu'on n'a de toute façon jamais connu grandiose, tombe dans le panneau et nous livre une Rage au ventre d'une triste banalité. Sans âme ni aspérité.


C’est marrant cet intérêt porté subitement par Hollywood, à contretemps, sur la boxe. On dit à contretemps car boudiou, ça intéresse qui encore, la boxe ? Le dernier grand combat en date, Mayweather-Pacquiao, a fait un flop monstrueux. Ah ! ça oui alors, il est loin le temps des Tyson, Holyfield, René Jacquot – cherchez l’intrus - et consorts…
Pourtant, entre Million Dollar Baby et, maintenant, La Rage au ventre, Hollywood se penche – s’épanche – sur le sujet. L’ennui, c’est qu’on sent très clairement que l’influence n’est pas tant celle du « noble art », que celle de… Rocky.
Ambiance boum-boum, sang, violence, haine, revanche à prendre et puis… et puis c’est à peu près tout. La Rage au ventre, qu’on a présenté comme le grand film de Jake Gyllenhaal, celui où est censé se révéler sous un jour nouveau – mon fion, oui ! – s’avère en vérité d’une platitude décevante.

Zéro émotion

Jake Gyllenhaal dans un rôle musclé mais sans âme.
Pas d’émotion – ou alors surfaite. Pas de plans de cinéma à vous envoyer dans les cordes. Pas de scénario uppercut. Et, enfin, pas de Jake Gyllenhaal « comme on ne l’a jamais vu ». Oh ! il est bon, le grand Jake, évidemment – il l’est toujours – mais on l’a vu avec une palette d’émotion déjà bien plus large avant. Dans Prisoners par exemple. Ou dans Night Call. Bref, à peu près partout ailleurs…
Ici, dans La Rage au ventre, il donne l’impression de n’avoir fait des efforts que physiquement – pecs, abdos, et autres biscottos en tous genres. Dans le jeu, il n’éblouit personne. Faut dire qu’il n’est pas spécialement aidé par le scénario et les dialogues.
On évacue les dialogues d’abord, si vous le voulez bien. C’est bien simple : les commentaires des matches de boxes sont affligeants, dignes d’un mauvais EA Sport. C’est ridicule, et quand bien même on serait tentés, par une bonne volonté louable, d’entrer deux secondes dans l’histoire, ils nous en éjectent d’un direct du droit, tellement ils sont gauches.

La sombre diarrhée livrée par Fuqua

Adriaaaaaaaaan ?!
On ne va pas faire beaucoup plus long sur le synopsis, qui ne mérite pas non plus qu’on s’attarde trop dessus. Jake Gyllenhaal incarne Billy Hope, champion du monde de boxe. Un champion évidemment torturé, sinon ce ne serait pas drôle. Et puis mal entouré, cela va de soi… Son seul ancrage, dans ce monde pourri, c’est sa femme, Mo, et sa petite fille, Leila.
Et puis voilà que, patatras, oh mon Dieu la vie est trop injuste, tout ce bonheur s’écroule. Mo meurt subitement. Hope perd espoir (ah ah !) et tout son argent. Le champion du monde adulé n’est plus rien. Il doit tout reprendre de zéro pour reconquérir son honneur, sa fierté et sa gloire.
Ridicule ? Oui voilà, c’est le mot qu’on cherchait. Disons qu'Antoine Fuqua, le réalisateur, nous livre une diarrhée terriblement paresseuse. Vous l'avez, dites, vous l'avez, mon allusion sublime au dragées Fuca, dites, eh, dites, vous l'avez ?

Trop de facilités

Les scènes censées nous tirer les larmes sont toutes cousues de fil blanc. On les voit arriver à des kilomètres et elles apparaissent in fine affligeantes de mièvrerie. On ne vous parle pas, non plus, ce serait trop facile, du rôle stéréotypé de Forest Whitaker, entraîneur de boxe au grand cœur, mais au passé douloureux, qui va guider Billy Hole vers la rédemption.
Nous, vraiment, on ne vous en parle pas… Car il n’y a rien à dire. Cette Rage au ventre a plutôt tendance à nous refiler la nausée. C’est un film facile, beaucoup trop facile, qui ne mérite pas les éloges qu’on peut lire sur lui. Dommage, car on espérait beaucoup.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 10/20

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