29 novembre 2014

Night Call : Jake Gyllenhaal parfait (et monstrueux) de cynisme

Night Call donne à Jake Gyllenhaal un rôle assez sublime de cynique monstrueux, paparazzi charognard de l'info. Un charisme de dingue - dingue étant vraiment le bon mot tant, d'un simple regard, il vous file les jetons, le grand Jake.


Rien que pour la scène de fin. Juste pour elle. Effet "waouh" garanti. L'ambiance, le déroulement, la montée finale... Du grand cinéma d'action. De quoi faire de Night Call un sacré bon film, qui vous tient aux tripes.
Sauf que ça ne nous simplifie pas la tâche de "critique", car on peut vite tomber dans le spoil avec ça. Et avouez que ce serait ballot, hein? Donc on n'en dira pas plus sur cette scène. Sinon qu'elle n'est pas vraiment à la fin, ce qui est un poil dommage car c'est tellement fort qu'on aurait aimé que ça se termine là, plutôt que dix minutes plus tard. Mais bon, on chipote, car ces dix minutes, pour autant, ne viennent pas gâcher le film, tout va bien.

Du sang et des larmes ? Lou Bloom, psychopathe génial, prend son pied

Le premier qui cligne des yeux a perdu.
On suit avec Night Call les aventures de Lou Bloom, merveille de taré comme on les aime, qui se découvre un petit talent de paparazzi charognard (pléonasme) en restant branché, de nuit, sur les fréquences radio de la police de Los Angeles, afin de se rendre fissa sur les lieux des pires crimes et accidents.
Du sang, des larmes et de la peur, le brave Lou, psychopathe génial, prend un pied monstrueux et, hop hop hop, une fois tout ça dûment filmé, court vendre ses sujets aux chaînes infos locales. Il trouve là d'autres carnassiers à col blanc pour lui acheter ses reportages au prix cher, pour autant qu'on y voit bien en gros plan la mort et la sang.
Où Night Call, vous l'aurez compris, en joyeuse et cinglante critique de la société du spectacle - tiens, ami journaliste adepte de la politique du clic à tout-va, prends-toi ça dans la gueule, tu l'as bien cherché.

Jake Gyllenhaal, un charisme de dingue (dingue étant le bon mot)
On tient la une, coco !


Calculateur et cynique à souhait, sans aucune morale ni aucun scrupule, Lou est ici dans son élément et Jake Gyllenhaal, qui l'incarne, trouve quant à lui sans doute le rôle le plus fort de sa carrière. On l'avait pourtant déjà vu très bon, Jake, et notamment chez Denis Villeneuve récemment, avec Prisoners puis Enemy (un peu moins scotchant dans ce dernier, cela dit) Et même dans Zodiac, de David Fincher, il y a un peu plus longtemps.
Ce garçon a un putain de talent mais là, vraiment, il éclate pour de bon. D'abord parce que tout le film tient sur ses larges épaules. Et ensuite, et même surtout, parce qu'il arrive à nous surprendre dans chacune des scènes.
Un charisme de dingue, et dingue est le bon mot avec ce rôle de parfait cinglé, perverso-cynique (ou cyniquo-pervers, on vous laisse le choix de l'ordre). Il faut voir son regard et son petit sourire. On y lit réellement la folie. Il faut l'écouter débiter ses histoires de jobar, et notamment dans cette scène, assez géniale, dans un restaurant mexicain, accompagné de Rene Russo. Là encore, on n'en dit pas plus, ça gâcherait la joie de la surprise.
Restons plutôt sur le film d'une manière plus globale. C'est bien simple, Night Call et son rôle donné à Jake Gyllenhaal nous a fait penser, d'emblée, dans l'atmosphère du film et dans la personnalité du héros, à No country for old man. "Ce n'est pas que je ne comprends pas les gens, c'est que je ne les aime pas", lâche ainsi, à un moment, Lou Bloom, d'un calme glaçant. Jake Gyllenhaal, ainsi, prend le relais de Javier Bardem pour incarner l'exemple parfait du gars cynique et monstrueux. La même noirceur. La même capacité à foutre les jetons d'un seul regard. La palme est pour l'instant à lui. Qui pour la lui reprendre ?



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 13/20

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