Le film de l'année est signé Woody Allen. |
39 films vus cette année (c'est plus que l'année dernière): 17 en français et 22 étrangers. J'ai donné à 29 d'entre eux la moyenne, dans un panel allant de 6 à 18/20. Le tout pour une moyenne générale à 11,6/20. Le signe, donc, que je suis vraiment trop gentil. Il va falloir que cela change !
Dans le détail, j'ai follement accordé 6 fois la mention "excellent" (soit autant qu'en 2012), 15 fois celle "à voir", tandis que 11 films ont été qualifiés de "moyens" et que 7 autres ont été voués à un lapidaire "on peut s'en passer".
Mais place au top 10 de l'année. Lequel finit avec un joli 15/20 de moyenne.
1/ Blue Jasmine. Woody Allen.
Le grand retour de Woody Allen... On n'osait plus y croire après une série de films sinon ratés, du moins franchement pas terribles. Mais cela valait le coup d'attendre, tant son Blue Jasmine, servi par une Cate Blanchett éblouissante, est savoureux. Une femme névrosée et déclassée, quittant le petit monde feutré de la grande bourgeoisie pour essayer de se reconstruire chez sa soeur, restée engluée parmi les populos de San Francisco. Une confrontation explosive, autant humaine que sociale. Et une merveille d'écriture, de mise en scène et de scénario.
No, sorti en mars, est un film fort, sur la campagne référendaire qui a abouti à la chute de Pinochet. |
Petite pépite du cinéma Chilien, No, avec une subtilité rare, revient sur la campagne référendaire de 1988 qui a abouti à la chute de Pinochet. Quinze minutes de programme TV quotidien pour renverser l'une des plus sanguinaires dictatures du monde. Pablo Larrain, aidé par le très bon Gael Garcia Bernal, alterne images d'archives et de fiction pour signer un grand film, audacieux et original. L'histoire d'un air gai, chic et entraînant, et de la victoire de la joie sur l'horreur. Un peu, aussi, de la communication sur la politique.
3/ Gravity. Alfonso Cuaron.
Prouesse technique assez extraordinaire, Gravity donne - enfin - à la 3D une raison d'être, autre que commerciale. Cette 3D, personnage principal, éclipse tout, et nous emporte loin au-dessus du commun. Du grand spectacle, avec l'infini de l'espace pour témoin. Explorer, Soyouz et l'ISS en rade pour un film catastrophe qui évite heureusement de sombrer dans le grand-guignol pour, au contraire, livrer un message subtil. L'homme face à la nature. Face à quelque chose de plus grand que lui.
4/ La vie d'Adèle. Abdellatif Kechiche.
Trois heures, c'est long, très long. Et même un peu trop, si vous voulez tout savoir. Pour autant, la belle histoire d'amour de La vie d'Adèle, bien qu'un peu bancale dans sa seconde partie, très inférieure à la première, est une jolie claque assénée par Kechiche. Cela tient essentiellement à la maîtrise, parfaite, du cinéaste, avec un scénario bien écrit, des plans efficaces et des dialogues d'un réalisme saisissant. Directs, forts. Souvent malins. Toujours justes. Le tout servi par quelques scènes assez géniales (le premier baiser avorté, ah! ce premier baiser avorté, comme il est beau...) et, évidemment, par la révélation Adèle Exarchopoulos.
5/ Django Unchained. Quentin Tarantino.
Bien sûr, il n'a ni la force de Pulp Fiction, ni la grâce de Jackie Brown. Peut-être même a-t-il moins de scènes cultes qu'Inglorious Basterds. Il n'empêche. Un mauvais Tarantino, cela n'existe pas. Et même si Quentin n'est pas à son meilleur, cela le place, quand même, très largement au-dessus des autres. Django, film sur l'esclavage des Noirs juste après la guerre de Sécession, est donc très bon, à défaut d'être génial. C'est largement suffisant pour passer un excellent moment. La musique, comme toujours, est sublime. De même que la mise en scène, les cadrages ou la lumière. Il faut voir la scène d'ouverture, ces hommes à chapeaux, montés sur leurs chevaux, sublimement éclairés par une lumière rasante alors qu'ils traversent une forêt sombre. Il faut voir, aussi, ces scènes d'intérieur, dont Tarantino est maintenant passé maître.
6/ Prisoners. Denis Villeneuve.
Denis Villeneuve, déjà éblouissant avec Incendies, prouve une fois encore le grand talent qui est le sien. Prisoners, son premier film américain, est un thriller implacable, qui épouse parfaitement les codes du genre, sans paraître pour autant redondant. Du grand art. Un scénario riche et un suspense savamment pesé (et dosé). Une histoire de loi du Talion assez terrible. Un père dévasté - superbe Hugh Jackman -, aveuglé par la haine, la douleur, et qui se laisse emporter par son côté sombre. Le bien contre le mal, et la frontière, forcément poreuse, entre les deux.
7/ Inside Llewyn Davis. Joel et Ethan Coen.
Les anti-héros sont forcément des personnages intéressants. Quand ils passent sous le tamis de frères Coen, ils en deviennent attachants. Inside Llewyn Davis est une jolie, douce et mélancolique ode à tous ces losers magnifiques, purs parmi les durs, qui ne sacrifient rien à leurs idéaux. Llewyn Davis, chanteur folk des sixties américain, assez directement inspiré de Dave Van Ronck, est une merveille de poète maudit, ne sacrifiant rien à son art, la musique. Et tant pis si cela suppose d'être un poil un crève-la-faim dans une société qui, elle, n'aime pas ça.
8/ Wadjda. Haifaa Al Mansour.
Très classique et simple, Wadjda, premier film saoudien, qui plus est réalisé par une femme, délivre un message d'une force assez inouïe. Une ode à la résistance, au féminisme et à l'égalité. Wadjda est une petite fille de 12 ans, vivant en Arabie Saoudite. Chez elle, à l'intérieur de sa maison, avec sa mère, une vie normale, avec jeans, baskets, télévision, playstation, musique et... cheveux découverts. A l'extérieur, en revanche, une tout autre histoire: longue tunique noire, voile sur la tête, et soumission des femmes. Wadjda ne comprend pas bien pourquoi une telle différence et, du haut de sa naïveté enfantine, entend bien faire jouer sa différence. La Révolution sociale est à l'oeuvre, et elle est portée par une gamine de 12 ans. Un film avec un message politique fort, et très efficace, car suggéré sans être asséné. D'une grande subtilité.
9/ L'écume des jours. Michel Gondry.
Allez vous amuser, vous, à adapter l'oeuvre de Vian... Un risque insensé. Et, au final, toutes les chances de se planter. Rendons donc louanges à Michel Gondry que d'être ainsi parvenu à en faire un bon film. Pas exempt de défauts, ça non - c'est trop long, pour commencer - mais néanmoins plein de petites trouvailles intéressantes. Duris et Tautou, dans les rôles de ces amoureux magiques, Colin et Chloé, sont parfaits. Tout en sobriété et en retenue pour mieux s'effacer devant l'ambiance surréaliste, parfaitement retranscrite par Gondry. Un film taillé pour la rêverie, qui laisse un souvenir tout doux, des mois après son visionnage.
10/ Au bout du conte. Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri.
Parce que c'est Jaoui et parce que c'est Bacri... Au bout du conte mérite d'être dans ce top 10, même si Le temps de l'aventure, avec un toujours très bonne Emmanuelle Devos, ou Le diable dans la peau, avec sa très jolie photographie, pouvaient aussi y prétendre, ayant obtenus la même note (13/20). Pas forcément inoubliable pris dans sa globalité, pourtant, ce conte offert par le couple Jaoui-Bacri. Mais quelques scènes d'anthologie, quand même, qui en font un film à regarder. Une étude de moeurs comme eux seuls savent en faire avec, en toile de fond, la métaphore filée du conte - Petit chaperon rouge et consorts. Et puis Bacri, bien sûr, Bacri surtout. Des dialogues ciselés. Qui font mouche. Je ne me lasse pas de voir Bacri dissertant sur les enfants, et en conclure que, à tout bien peser, "c'est pénible, en fait...". Je ne me lasse pas, non plus, de le voir expliquer à ces mêmes enfants que "non, non, papy il n'est pas au ciel, juste dans un trou, au cimetière, et qu'il va rester là, dans le cimetière..."
Voilà pour le top 10. Place aux récompenses, maintenant. Je sens que le coeur de certains bat fort ce soir, dans l'attente de ce palmarès si prisé...
Meilleur film : Blue Jasmine
Meilleur réalisateur : Park Chan-wook, pour Stoker
Meilleur acteur : Gael Garcia Bernal, pour No
Meilleure actrice : Cate Blanchett, pour Blue Jasmine
Révélation masculine : Oscar Isaac, pour Inside Llewyn Davis
Révélation féminine : Adèle Exarchopoulos, pour La vie d'Adèle
5/ Django Unchained. Quentin Tarantino.
Bien sûr, il n'a ni la force de Pulp Fiction, ni la grâce de Jackie Brown. Peut-être même a-t-il moins de scènes cultes qu'Inglorious Basterds. Il n'empêche. Un mauvais Tarantino, cela n'existe pas. Et même si Quentin n'est pas à son meilleur, cela le place, quand même, très largement au-dessus des autres. Django, film sur l'esclavage des Noirs juste après la guerre de Sécession, est donc très bon, à défaut d'être génial. C'est largement suffisant pour passer un excellent moment. La musique, comme toujours, est sublime. De même que la mise en scène, les cadrages ou la lumière. Il faut voir la scène d'ouverture, ces hommes à chapeaux, montés sur leurs chevaux, sublimement éclairés par une lumière rasante alors qu'ils traversent une forêt sombre. Il faut voir, aussi, ces scènes d'intérieur, dont Tarantino est maintenant passé maître.
6/ Prisoners. Denis Villeneuve.
Denis Villeneuve, déjà éblouissant avec Incendies, prouve une fois encore le grand talent qui est le sien. Prisoners, son premier film américain, est un thriller implacable, qui épouse parfaitement les codes du genre, sans paraître pour autant redondant. Du grand art. Un scénario riche et un suspense savamment pesé (et dosé). Une histoire de loi du Talion assez terrible. Un père dévasté - superbe Hugh Jackman -, aveuglé par la haine, la douleur, et qui se laisse emporter par son côté sombre. Le bien contre le mal, et la frontière, forcément poreuse, entre les deux.
7/ Inside Llewyn Davis. Joel et Ethan Coen.
Les anti-héros sont forcément des personnages intéressants. Quand ils passent sous le tamis de frères Coen, ils en deviennent attachants. Inside Llewyn Davis est une jolie, douce et mélancolique ode à tous ces losers magnifiques, purs parmi les durs, qui ne sacrifient rien à leurs idéaux. Llewyn Davis, chanteur folk des sixties américain, assez directement inspiré de Dave Van Ronck, est une merveille de poète maudit, ne sacrifiant rien à son art, la musique. Et tant pis si cela suppose d'être un poil un crève-la-faim dans une société qui, elle, n'aime pas ça.
Wadjda, premier film saoudien, qui plus est signé par une femme, distille un message politique et social très fort. A voir. |
Très classique et simple, Wadjda, premier film saoudien, qui plus est réalisé par une femme, délivre un message d'une force assez inouïe. Une ode à la résistance, au féminisme et à l'égalité. Wadjda est une petite fille de 12 ans, vivant en Arabie Saoudite. Chez elle, à l'intérieur de sa maison, avec sa mère, une vie normale, avec jeans, baskets, télévision, playstation, musique et... cheveux découverts. A l'extérieur, en revanche, une tout autre histoire: longue tunique noire, voile sur la tête, et soumission des femmes. Wadjda ne comprend pas bien pourquoi une telle différence et, du haut de sa naïveté enfantine, entend bien faire jouer sa différence. La Révolution sociale est à l'oeuvre, et elle est portée par une gamine de 12 ans. Un film avec un message politique fort, et très efficace, car suggéré sans être asséné. D'une grande subtilité.
9/ L'écume des jours. Michel Gondry.
Allez vous amuser, vous, à adapter l'oeuvre de Vian... Un risque insensé. Et, au final, toutes les chances de se planter. Rendons donc louanges à Michel Gondry que d'être ainsi parvenu à en faire un bon film. Pas exempt de défauts, ça non - c'est trop long, pour commencer - mais néanmoins plein de petites trouvailles intéressantes. Duris et Tautou, dans les rôles de ces amoureux magiques, Colin et Chloé, sont parfaits. Tout en sobriété et en retenue pour mieux s'effacer devant l'ambiance surréaliste, parfaitement retranscrite par Gondry. Un film taillé pour la rêverie, qui laisse un souvenir tout doux, des mois après son visionnage.
10/ Au bout du conte. Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri.
Parce que c'est Jaoui et parce que c'est Bacri... Au bout du conte mérite d'être dans ce top 10, même si Le temps de l'aventure, avec un toujours très bonne Emmanuelle Devos, ou Le diable dans la peau, avec sa très jolie photographie, pouvaient aussi y prétendre, ayant obtenus la même note (13/20). Pas forcément inoubliable pris dans sa globalité, pourtant, ce conte offert par le couple Jaoui-Bacri. Mais quelques scènes d'anthologie, quand même, qui en font un film à regarder. Une étude de moeurs comme eux seuls savent en faire avec, en toile de fond, la métaphore filée du conte - Petit chaperon rouge et consorts. Et puis Bacri, bien sûr, Bacri surtout. Des dialogues ciselés. Qui font mouche. Je ne me lasse pas de voir Bacri dissertant sur les enfants, et en conclure que, à tout bien peser, "c'est pénible, en fait...". Je ne me lasse pas, non plus, de le voir expliquer à ces mêmes enfants que "non, non, papy il n'est pas au ciel, juste dans un trou, au cimetière, et qu'il va rester là, dans le cimetière..."
Voilà pour le top 10. Place aux récompenses, maintenant. Je sens que le coeur de certains bat fort ce soir, dans l'attente de ce palmarès si prisé...
Stoker a le malheur de sombrer en série B dégueulasse sur la fin. Cela ne doit pas faire oublier les talents de mise en scène, assez géniaux, de Park Chan-wook. |
Meilleur réalisateur : Park Chan-wook, pour Stoker
Meilleur acteur : Gael Garcia Bernal, pour No
Meilleure actrice : Cate Blanchett, pour Blue Jasmine
Révélation masculine : Oscar Isaac, pour Inside Llewyn Davis
Révélation féminine : Adèle Exarchopoulos, pour La vie d'Adèle
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