15 décembre 2013

"All is lost" : cruelle déception

Sacrément prometteur, All is lost déçoit. On a du mal à se laisser embarquer avec Redford, pourtant plutôt très bon. Le réalisateur, J.C. Chandor, comme il avait raté Margin Call, rate son deuxième film, qui s'avère trop superficiel pour emporter l'adhésion.


Avec All is lost, tout est perdu... à commencer par son temps. Au-delà du jeu de mot, facile, j'en conviens, une cruelle déception, tant c'était prometteur. Pensez donc. Un film de survie. Un homme, un seul, sur un voilier de 12 mètres percuté par un container à la dérive. Coque percée. Eau qui s'engouffre. Le naufrage menace. Et personne, évidemment, pour venir en aide au skipper, qui doit se débrouiller comme un grand. Unité de temps, quasiment, et surtout unité de lieu. La mer. Plutôt l'océan, et ses vastes étendues de solitude.
Soit un film catastrophe, mais épuré. Débarrassé de tous ces artifices grossiers qui, d'ordinaire, viennent ruiner le genre. Et puis Robert Redford dans le rôle du vieux loup de mer, à qui on ne la fait pas. Le seul acteur du film. Et quel acteur ! Convaincant, ça oui, il l'est, le brave Robert. Mais, pour excellente que soit sa prestation, il y a quelque chose qui ne colle pas...

C'est bien fait mais cela sonne faux

Oh! mon bateau oh oh oh !!!
Peut-être cela vient-il de la maîtrise, trop parfaite pour être vraie, que Redford a de lui-même. Pas un mot. Pas un cri, ni une larme. Encore moins un geste, un signe de découragement. A vrai dire, pas la moindre expression. Oh! pour une fois, avec les vieux acteurs - Redford a 77 ans - on n'ira pas incriminer les ravages du Botox. Bob a les rides de son âge, et c'est heureux. Mais, pour autant, son visage est un masque. Pas d'émotion visible et, donc, une grande difficulté, dans ces conditions, à se mettre en empathie avec lui. Et c'est terrible.
C'est terrible car on le regarde s'agiter dans l'adversité sans jamais être embarqué dans son bateau, dans ses drames. Un colmatage de fortune, une radio en panne et, pour couronner le tout, une grosse tempête qui approche.
Son voilier, abîmé, ne va pas tenir. On le sait. On le sent. On le voit arriver. Et... on s'en contrefout. On regarde ça sans y croire vraiment. Ce n'est ni oppressant, ni angoissant. On n'y croit pas. Cela ne marche pas. C'est bien fait, ça oui, mais ça ne marche pas.
On ne s'ennuie pas, pourtant, et c'est à souligner. Le scénario est sans faiblesse majeure, hormis dans son dénouement, auquel on n'adhère pas une seconde. La mise en scène, pas facile dans un tel contexte, avec juste un acteur et un voilier, est elle aussi assez subtile. Mais, en dépit de ces qualités, l'alchimie ne fonctionne pas. Cela sonne faux, disons que cela sonne "vain". A quoi bon? Et puis pourquoi, surtout? Qu'est-ce que tu veux raconter, cher réalisateur, J.C. Chandor ?
Redford est bon, là n'est pas le problème.
Mais ce n'est pas suffisant.

Chandor? Bing!

Oh ! Oh! J.C. Chandor? Celui-là même qui avait commis cet affreux Margin Call l'année dernière? Mais alors tout s'explique. C'est lui, le grand responsable de ce ratage. Son All is lost est trop lisse pour emporter l'adhésion comme son Margin Call, précédemment, souffrait déjà des mêmes maux. "Une idée plaisante sur le papier", mais un rendu "superficiel" et "sans aspérité". Ces qualificatifs, autrefois accordés à Margin Call sont toujours aussi valables pour All is lost.
Il manque cette petite étincelle qui fait basculer le film et, surtout, nous autres, spectateurs. Chandor a quelques qualités de mise en scène. Mais aussi, visiblement, de cruelles lacunes. Voilà deux fois que, avec une mine d'or entre les mains, il rate son objectif. Ses films manquent de chair et de sentiment. Et c'est terrible car, comme le charisme, je ne suis pas sûr que cela se travaille ou s'acquiert.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 9/20

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