Intemporel. Dans le sens "ce sera encore vu dans 30 ans?" Non, plutôt dans celui "ça aurait pu être tourné il y a 30 ans"... Pas franchement un compliment. Trop plan-plan et trop convenu pour être bon, ce Pour une femme.
C’est
un film de 2013. Il aurait pu être tourné il y a dix ans, vingt ans, même
trente. Pour une femme, de Diane Kurys est d’un classicisme fou. Tellement
carré qu’on le dirait calibré pour le dimanche soir de TF1. A peine si on ne se
surprend pas à repérer les futurs emplacements des écrans publicitaires… Je dis ça mais il se peut très bien que ce soit France Télé le producteur, auquel cas il n'y aura point de pub, mais vous voyez le genre...
Oh !
on ne peut pas dire que c’est mauvais – objectivement, ça ne l’est pas. Mais à trop
vouloir tout contrôler, on finit avec un film sans âme, insipide. C’est dommage
parce que les acteurs sont bons et que le scénario, bien que souvent très
prévisible, n’est pas dégueulasse.
Entre trio amoureux et secret de famille
Une
histoire vraie en réalité. Celle de Diane Kurys, justement. Sa jeunesse. Ses
parents, Michel (Benoît Magimel) et Lena (Mélanie Thierry) au sortir de la
guerre. Leur vie à reconstruire, du côté de Lyon. Leur militantisme communiste
et la vie de la cellule locale du Parti. Ça fleure bon l’après-guerre. C’est
dur mais plein de promesses et d’espoirs. Le couple s’aime. On sent bien que
tous les deux n’ont pas les mêmes aspirations, mais ils s’aiment. Un enfant
naît. Une petite Tania.
Et
puis un beau jour arrive Jean (Nicolas Duvauchelle), le frère de Michel que
tout le monde croyait mort. Gentil et prévenant Jean. Débrouillard et
mystérieux, aussi, ce qui n’est pas pour déplaire à Lena.
Un
classique trio amoureux, avec jeux de regards et séduction qui ne dit pas son
nom. Le tout teinté de secret de famille car le récit est fait du point de vue
d’Anne, la seconde fille, incarnée par Sylvie Testud, très fine dans son rôle
de voix-off.
Ni recherche esthétique, ni prise de risque
Le
film débute dans les années 1980. La mère, Lena vient de mourir et les deux
sœurs épaulent leur père et rangent quelques affaires. Anne découvre une
vieille photo. Sa mère, radieuse, un enfant dans les bras, et un homme, qui
n’est pas son père, à ses côtés. Jean, évidemment. Le début d’une quête
familiale.
Le
récit est bien construit, en dépit de cette utilisation du flashback qui, de
prime abord, fait peur. Elle n’alourdit pas le film, comme c’est trop souvent
le cas. Mais n’apporte en revanche aucune originalité. Même chose avec l’autre
partie, se déroulant en 1947, à Lyon. L’histoire est assez belle, pourtant,
complexe, juste ce qu'il faut, mais terriblement plan-plan, convenue.
La
platitude de la mise en scène – sans aucune recherche esthétique – nuit à la
qualité de l’ensemble. L’absence de prise de risque est patente. C’est pourtant ce qui fait la différence, ce qu'on attend. On n’a finalement qu’un film paresseux, pour lequel on a du mal à s’enthousiasmer. Ni bon, ni mauvais, juste sans aspérité. Et tant pis si le trio d'acteurs, Magimel, Mélanie Thierry et, surtout, Nicolas Duvauchelle, entre subtilité et retenue, trouvent ici une belle occasion de montrer leurs qualités. Ce n'est pas suffisant pour inciter à aller voir Pour une femme.
Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 09/20
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