Ils étaient Toscans et ne voulaient pas suivre la voie tracée par les anciens. Annonciateurs de l'impressionnisme à l'italienne, ils sont sortis des ateliers pour peindre le réel. De l'impressionnisme par petites touches. C'est-à-dire pas tout le temps. Coincés entre deux mondes, en somme.
Et
c’est alors qu’ils sortirent des ateliers, pour peindre en plein air... Révolutionnaire pour l’époque. Ils ont fait cela dans tous les pays, quasi au
même moment, les artistes. En Italie, ils s’appelaient les Macchiaioli, et le
musée de l’Orangerie leur rend un hommage appuyé. Enfin appuyé… c’est vite dit.
Une soixantaine de tableaux à peine, et une exposition expédiée en 45 minutes.
Et encore, à condition de prendre son temps…
Qu’importe
en réalité la durée, car ces Macchiaioli sont intéressants. Inégaux, mais
intéressants. Dans son sous-titre, l’Orangerie s’interroge pour savoir s’ils
sont « des impressionnistes italiens ? ». Le point d’interrogation
fait toute la différence.
L'impressionnisme par petites touches
Les
Macchiaioli, coincés entre 1850 et 1874 dans une Italie en pleine construction
politique, sont en effet pris entre deux feux. Volontiers en rupture, se
refusant à suivre la voie tracée par les glorieux anciens, mais pas franchement
avant-gardistes non plus.
Les
pauvres pâtissent de cet entre-deux. C’est que la photographie n’est pas encore
passée par là. Ils n’ont pas besoin de déstructurer ce qu’ils voient, pour se démarquer. Pas
encore. Alors dehors, certes, mais livrant des peintures très classiques la
plupart du temps. Avec, quand même, et c’est là que ça devient instructif,
quelques jaillissements parfois qui, clairement, annoncent l’impressionnisme. Par
petites touches. Petites touches de couleurs en l’occurrence.
Portrait
d'Alaide Banti au jardin. Cristiano Banti, 1870.
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Coincés entre deux mondes
D’où
leur nom, d’ailleurs. Les Macchiaioli… littéralement « les tachistes »,
un terme péjoratif donné par la presse de l’époque, et qu’ils se sont empressés
de reprendre à leur compte. Ils peignent le bas peuple dans les champs et dans ses
activités quotidiennes. Ils peignent la bourgeoise en goguette. Ils peignent les paysages, tels qu’ils les voient, et
ne se lancent pas dans de grands portraits académiques, comme on voudrait qu’ils
fassent. Ils bouleversent les habitudes, aussi, en utilisant de nouveaux
formats de tableaux. Rectangulaires, souvent, pour signifier une vue
panoramique.
Ils
font preuve d’audaces, donc. Mais pas tout le temps. Pas toujours. Coincés
entre deux mondes, on vous dit. Pas l’idéal pour s’assurer d’une postérité.
Quelques démonstrations de ce côté "le cul entre deux chaises" de nos amis Macchiaioli
Les fiancés, par Silvestro Lega, 1869. Clairement impressionniste. |
La visite, par Silvestro Lega, 1858. Clairement "photographique". |
Porteuse d'eau à La Spezia, Telemaco Signorini, 1862. Très académique finalement... |
Ruelle sous le soleil, Giuseppe Abbadi, 1862. Personnellement, j'appelle ça une croûte... |
La tour rouge, Giovanni Fattori. Un peu impressionniste, mais pas trop... |
Boeufs attachés à un chariot, Giovanni Fattori. Par la lumière, alors oui, impressionniste... |
Les Macchiaioli, 1850-1874, des impressionnistes italiens?
Musée de l'Orangerie
Jardin des Tuileries, Paris
Jusqu'au 22 juillet 2013
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