15 octobre 2015

Sicario, le bon vieux thriller à l'ancienne sublimé

Sicario c'est, dès la première scène, la certitude que l'on ne sera déçu. Et on ne l'est pas, ça non alors. Du bon vieux thriller, à l'ancienne, c'est-à-dire labourant un sillon déjà tracé mais puisque c'est fait avec grand talent, nous, on en redemande.


Le simple nom du réalisateur, Denis Villeneuve, suffit à nous donner des envies de salle de cinéma. Ce gars-là, c'est bien simple, depuis Incendies, et ensuite avec la confirmation de Prisoners (on passe sous silence Enemy), on l'adore.
Nous voilà donc, sourire aux lèvres, entrant voir Sicario. Et nous voilà, surtout, deux heures plus tard, avec ce même sourire nous barrant le visage. Villeneuve ne nous a pas déçus. Sicario est réussi, alléluia. Moins percutant que ses devanciers, peut-être, car creusant souvent un sillon déjà exploité par d'autres, mais réussi.

Dès la première scène, on est happé
Ne surtout pas rater la première scène, splendide.

Il y a, clairement, du Traffic dans ce Sicario. Un polar dans le milieu du cartel de la drogue mexicano-américain. Un bon vieux thriller, avec les ficelles du genre. Certes. Mais quelle maestria, malgré tout. Dans la mise en scène. La discipline du scénario.
Dès la première scène, on est happé. Le talent de Villeneuve s'étale et nous, au fond de notre fauteuil, on est bouche-bée. C'est parti pour deux heures de grand spectacle. Sans temps mort, ni rupture, ni faiblesse.
Alors, oui, Sicario emprunte des chemins déjà labourés mais il le fait avec gourmandise et, surtout, sans paresse. On ne se moque pas de nous, ici. Le thriller est riche, l'intrigue palpitante. Et les moments de cinéma - on parle de plans, de lumière, de jeu des acteurs - fréquents. Ne surtout pas bouder son plaisir.

Qui sont les bons et qui sont les méchants ?

Nous sommes quelque part dans l'Arizona, à la frontière mexicaine. Kate (Emily Blunt), agent du FBI local, est repérée par un commando d'agents de la CIA, emmené par Matt (Josh Brolin) et Alejandro (Benicio del Toro), pour mener avec eux la lutte, sanglante et sans-merci, contre les cartels de la drogue mexicains. Dans ce combat, à qui se fier ? Qui, et où sont les bons, les méchants ? Tous les moyens sont-ils bons pour engager la bataille ?
Kate, idéaliste et encore jeune, regarde tous ces hommes aux allures de barbouzes sans trop comprendre ce qui lui arrive. C'est grisant, visiblement efficace aussi, mais qui sont-ils, ces gars-là ? Leurs méthodes sont-elles légales, honnêtes ? Il s'en passe des choses, dans sa tête, et cela vient en plus de l'action, virile, mais pas bourrine, qui nous éclabousse l'écran. C'est beau et grand à la fois. Mêlant psychologie et polar avec un équilibre subtil, délicat.

Un premier rôle féminin pour une fois tout sauf faire-valoir
Emily Blunt, tout sauf un faire-valoir.


Du grand cinéma auquel on ne peut finalement reprocher que de ne pas renouveler le genre. Mais qu'y a-t-il de mal à marcher dans le pas de ses devanciers si c'est fait avec talent ? Villeneuve est un grand et ses acteurs le sont aussi. Pour une fois, le rôle féminin n'est pas uniquement un faire-valoir.
Emily Blunt tient tête, dans tous les sens du terme, à son collègue Benicio del Toro. Un très bon Del Toro, d'ailleurs. Latin comme il faut, bourru. Un brin caricatural, dans le sens où, là encore, on pourrait citer dix rôles quasi similaires dans dix autres films, mais, justement, dans cette longue liste, Del Toro tient le comparaison parfaitement.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 13/20

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