04 octobre 2015

Maryland, film déroutant, plein de testostérones rentrées

Porté par un très bon et magnétique Matthias Schoenaerts, Maryland a le mérite de l'originalité de traitement : ni thriller, ni film d'action mais privilégiant la tension psychologique. Plutôt un mélange des trois. Un films "d'hommes" plein de testostérones rentrées. Déroutant.


Film déroutant que ce Maryland. C'est bien simple, on se demande longtemps si tout ce que l'on voit, cette tension que l'on sent monter, est fantasmée ou bien réelle. La question, en soi, est intéressante. A-t-on affaire à une traque, une vraie, ou bien Vincent (Matthias Schoenaerts) est-il juste complètement dingue ?

Entre film magnétique et foutage de gueule

Ce concept, sur le papier enthousiasmant, oscille toujours, sur la pellicule, entre magnétisme psychologique et grand foutage de gueule. On avoue ne pas trop savoir où placer le curseur. Sans doute un peu entre les deux, ce qui est signe d'un équilibre bien précaire.
Ni thriller, ni film d'action, Maryland entend prendre des chemins de traverse pour éviter l'écueil du gros blockbuster bourrin. Un bon point pour la réalisatrice, Alice Winocour. Sauf qu'à trop chercher l'originalité, parfois, on prend le risque de se perdre. Et perdre ses spectateurs, surtout.

Paranoïa ou réel danger ?

Vincent est un miliaire, de retour d'opérations. On devine, sans jamais rien en voir, ni en savoir, qu'il a subi là-bas des choses terribles. Victime d'hallucinations auditives, sous médocs, Vincent est fragile. Il accepte, pour arrondir ses fins de mois, une mission de protection auprès de Jessie (Diane Kruger), femme d'un riche homme d'affaire Libanais, dans leur propriété baptisée Maryland.
Une soirée mondaine, d'abord. Puis le rôle de chauffeur-garde du corps de Jessie dans ses activités de la vie quotidienne. Tout est calme. Si calme. Trop calme ? Vincent, en dépit de cette quiétude apparente, se montre inquiet. Est-il parano ? Au contraire un excellent professionnel qui sait anticiper les emmerdes ? On tourne avec cette question très longtemps. Trop longtemps.

Matthias Schoenaerts, un Fred Testot qui jouerait bien...
Schoenaerts emporte tout

La tension psychologique ainsi créée, certes intéressante, devient à force de durer un poil lassante. D'autant qu'elle est quand même souvent maladroite, une fois les ficelles comprises. Les mouvements de caméra qui s'accélèrent. Le regard des acteurs. La petite musique qui va bien. Au bout de la quatrième fois, on fatigue un peu...
On dit cela et, pourtant, parfois, il ne se passe pas ce que l'on attend. Là, c'est assez fort. Et cela permet à ce Maryland d'être finalement très ambigu : ni bon, ni vraiment mauvais, puisqu'il y a ces moments-là, où la surprise nous cueille.

Le mérite de l'originalité du traitement

Le film, en tout cas, tient tout entier grâce à la performance de Matthias Schoenaerts. Il y est très bon, avec un charisme certain. L'ennui, du coup, c'est qu'il éclipse sa camarade de jeu, Diane Kruger. Ce qui créé, dans le film, un déséquilibre assez désagréable. Et puis pour assez exceptionnel que soit Matthias Schoenaerts, pas sûr que ce soit suffisant pour ne pas trouver à ce Maryland de trop grandes longueurs.
Mais il faut rendre à Alice Winocour le mérite de l'originalité de traitement. Elle a tenté, sans forcément toujours bien réussir, de livrer un thriller psychologique. Un film "d'hommes" plein de testostérones rentrées. C'est déroutant. Peut-être trop. Mais la tentative est louable.


Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 9/20

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