29 juin 2014

"Zero Theorem" : une quête de sens paresseuse

Terry Gilliam se penche sur le sens de la vie, une fois encore. Une thématique inépuisable pour un réalisateur qui, lui, commence à devenir épuisant... Un retour aux sources raté pour un film qui, en dépit du talent de Christoph Waltz, sombre dans l'ennui et la caricature facile.


L'ennui, avec les films linéaires, sans histoire parallèle pour aérer l'intrigue, c'est que tout repose sur un seul personnage. Donc une seule histoire. C'est parfois génial si c'est maîtrisé de A à Z. Mais c'est souvent chiant, aussi. Disons que c'est le risque. Et disons que le pauvre Terry Gilliam, avec son Zero Theorem, ne s'en sort pas avec les honneurs.
Il a, pourtant, pris tous les gages d'assurance en s'assurant de la présence de l'immense Christoph Waltz au générique. Tout repose sur ses épaules. Et elles ont beau être larges, les épaules du grand Waltz, elles ont quand même tendance à tomber un peu, au fil de l'heure quarante-cinq que dure le film.

Un film qui donne envie de rejouer à Candy Crush pendant la séance

C'est simple, et c'est franchement mauvais signe, au bout d'une heure, on commence à regarder sa montre. C'est très lent. Ce qui ne serait rien si ce n'était pas, aussi, très plat. Nous sommes dans un cadre de science-fiction qu'on comprend assez mal. A la limite, on s'en foutrait un peu puisque, comme toujours chez Terry Gilliam, il s'agit de se pencher sur le sens de la vie, et pas trop de nos plonger dans un univers SF.
Un Christoph Waltz méconnaissable,
mais toujours aussi bon.
Lequel, finalement, n'est qu'un décor. Sauf que, quand pendant une bonne demi-heure, on suit les déboires de Qohen Leth, alias Christoph Waltz, génie de l'informatique reclus chez lui, qui travaille à une sorte de Tétris géant en s'échinant à imbriquer des cubes dans de bons trous pour déchiffrer une équation quelconque, là, pardon mais le décor devient l'intrigue. Et on veut bien ne rien paner à ce qu'il se passe, mais vu que ça occupe tout l'écran pendant trois plombes, on se sent quand même un peu exclu.
Ambiance "game over" et sortie de jeu définitive... Comme une furieuse envie de se faire une partie de Duel Quiz voire, pour les plus désespérés, de replonger dans ses démons de Candy Crush, plus ouvert depuis six mois. Mais, comme on est là et qu'on a encore un peu de respect pour le cinéma, on reste, on s'accroche et on mobilise tout ce qui nous reste de neurones pour suivre le film.

Futurisme à deux balles...
Zero Theorem... où la quête du zéro intérêt

On sait ainsi que Qohen travaille à un grand projet dont l'objectif est de décrypter le but de l'existence. Ou plutôt son absence de but. D'où le titre: Zero Theorem. Mais, une fois qu'on a compris ça, ben... on n'a rien compris. Pourquoi? Comment? Dans quel état j'erre? Où cours-je? Tout ça quoi... On n'en sait foutrement rien, et c'est diablement déconcertant.
Encore une fois, on s'en foutrait comme de notre premier palot roulé si, au moins, les affres psychologiques du héros nous bouleversaient un tantinet. Au lieu de ça, on le voit s'enfoncer dans sa solitude et sa peur panique de l'avenir, de la vie, sans que ça fasse autre chose que de nous en faire bouger une, sans en toucher l'autre (ou inversement, on ne sait plus trop).
Mais qu'on reprenne un peu les choses dans l'ordre. Qohen est un pauvre gars solitaire et malheureux, qui vit reclus chez lui et en sort le moins possible. Il bosse dans une sorte de société Big Brother qui surveille tout et contrôle tout. Son patron s'appelle Management et il emploie ses salariés à on ne sait trop quoi. Le taf semble essentiellement consister à pédaler sur des machines bizarres...

Le gentil héros qui ne trouve pas sa place
dans la vilaine société caca boudin.
Une bien paresseuse critique sociétale

Vous n'avez rien compris? C'est normal, nous non plus. Tout juste si, sans trop forcer sur l'analyse politique, on peut y voir une critique assez facile et paresseuse de nos sociétés contemporaines. Vous ne l'avez pas? Mais si enfin. Le boss c'est Management, un être sans nom, donc impersonnel et déconnecté de toute réalité et de toute empathie. Les salariés, eux, sont enfermés dans de petits boxes merdiques et passent leur temps à pédaler comme des hamsters dans leur cage. Bref, ils sont décérébrés, cloisonnés et réduits au simple rang d'animaux. C'est tellement caricatural que c'en est risible. Terry, cher Terry, on t'a connu nettement plus sarcastique et inspiré dans le passé...
Bref Qohen pédale, et nous avec. Un peu plus intéressant, car plus métaphysique, Qohen attend un mystérieux coup de fil qui, il l'espère, doit lui révéler le sens de la vie. Là, le message est enfin un poil plus profond. Ce putain de saloperie de sens de la vie ! Dieu, le destin, le hasard? Rien de tout cela? Qu'est-ce qui régit ce monde? Qohen cherche des réponses à cette grave question et, là, oui, nous avec, on l'avoue humblement.

Turlututu, costumes pourris...
Le sens de la vie, cher à Terry Gilliam

Donc, là, le message nous titille davantage. Qohen, à force d'attendre ce coup de fil qui doit lui donner des réponses, en oublie de vivre. Moralité : à trop chercher un sens à la vie, on prend le risque de passer à côté de tout. Mieux vaut donc vivre, faire des choses, avancer sans se poser la question de savoir si le chemin pris était le bon, juste avancer, et voir ensuite ce que ça donne. En clair, en profiter.
Clap, clap, clap, c'est là qu'on retrouve le Gilliam qu'on aime. Mais c'est ici, avec Zero Theorem, un peu court quand même. Essentiellement, comme on le disait plus haut, parce que son film est construit sur une idée, et une seule. La performance de Christoph Waltz. Et que si l'on n'y adhère pas, alors ce film devient d'un ennui prodigieux.
Alors, qu'on s'entende bien. Waltz est, comme d'habitude, prodigieux. Méconnaissable, crâne rasé, il a la même force et le charisme qu'il avait dans les derniers Tarantino. Ce gars est un grand, et il tient le film à lui tout seul. Son jeu est parfait, rien à dire là-dessus mais, seul, il ne peut faire de miracle.

Que dire de Mélanie Thierry, sinon qu'elle porte très bien la combinaison en latex?
Vous avez demandé une chaudasse? Ne quittez pas.

Le reste est trop mou, trop inconsistant pour emporter l'adhésion. Le décor, futuriste, ne nous bluffe pas plus que ça. Ni même la vieille chapelle dans laquelle vit reclus le héros. Et ce même si mettre un gars qui gâche sa vie à chercher un sens à la vie dans une vieille chapelle désaffectée, avec le Christ en croix qui veille, c'est évidemment nous balancer un message assez "bouffeur de curé" à la gueule...
On a quand même, outre Christoph Waltz, une autre bonne surprise. La présence du jeune Lucas Hedges, qu'on avait déjà vu dans Moonrise Kingdom. Il a pas mal grandi depuis. Et plutôt bien. Un gars à suivre car son jeu, son phrasé et sa présence à l'écran sont franchement assez impressionnants. Un mot de Mélanie Thierry, la petite frenchy de la distribution? Est-ce bien nécessaire? Pas sûr. Oh! rien de honteux dans son jeu, surtout pas, mais un rôle de chaudasse en costume d'infirmière qui fait un peu boulard bas de gamme, quand même. Elle porte cela dit extrêmement bien la combinaison en latex, on ne peut pas lui enlever ça.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 07/20

15 juin 2014

"Palo Alto" : teen-movie sans surprise

Tiens un teen-movie signé Coppola... Cela a beau être Gia Coppola, et pas Sofia, c'est pourtant très similaire. Trop. Palo Alto est un film sans audace. Donc sans surprise. Qui, surtout, donne l'impression d'avoir déjà été vu dix fois. Tant pis. Au moins y découvre-t-on un grand Jack Kilmer.


C'est signé Gia Coppola mais on pourrait croire à un pseudo, pris par Sofia Coppola, tant c'est calqué sur son cinéma, ses habitudes. C'est bien simple : la même manière de filmer les petites jeunes filles en culottes, dans leur chambre... Pas si étonnant que cela, puisque Gia est la nièce de Sofia. Mais un peu dérangeant quand même. On a tellement envie d'attribuer ce Palo Alto à l'oeuvre récente de Sofia. Et ce n'est tellement pas un compliment...
Palo Alto rappelle méchamment The Bling Ring, le dernier film, raté, de Sofia Coppola. En un peu plus subtil, cependant, ce qui n'est pas forcément très difficile. La jeunesse désabusée, désoeuvrée, Américaine. L'ennui. La volonté de braver le destin, du coup. Le forcer. La Fureur de vivre version 2014... La fougue en moins. Car c'est plat, finalement.

Un film sans audace

Certes, on suit les aventures alcoolisées et sexuelles d'April, Fred et Teddy sans déplaisir, mais sans grande passion non plus. Une méchante impression de déjà vu. Et pas qu'une fois. Peu d'inventivité, ni dans le scénario, ni dans la mise en scène. C'est sans prise de risque. Donc ça passe, évidemment. C'est assez propre, ça tient la route, mais puisqu'on l'a déjà vu, à quoi bon?
Palo Alto, à défaut de susciter l'enthousiasme, reste gentillet. C'est qu'ils sont sympas, franchement, ces petits gars et ces jeunes filles qui trompent leur ennui dans une fuite en avant assez classique aux teen-movies. Tout est hypersexué, sans être sexuel. Des sous-entendus, tout le temps. Et ce sentiment que chaque scène va pouvoir (pourrait) basculer.
Emma Roberts et Jack Kilmer, fils de Val, en duo star.

La révélation Jack Kilmer

C'est un peu facile, mais la qualité des acteurs permet d'éviter de (trop) sombrer dans le mièvre et la platitude. Emma Roberts est ainsi très convaincante dans le rôle d'April. Fraîche et jolie, plus mature que ses ami(e)s mais perdue. Les deux garçons, Nat Wolff (Fred) et Jack Kilmer (Teddy), complètent le trio des têtes d'affiche.
Nat Wolff en tête brûlée qui en fait des tonnes pour se faire remarquer, pour exister, mais qui, au fond, est un bon gars, juste plus paumé que les autres. Et Jack Kilmer, surtout, fils de Val soit-dit au passage (et ça se voit), qui éclate lui comme un futur grand. Bon, on s'emballe sans doute un peu, mais sa présence à l'écran en fait le personnage principal. Le plus fort. Le plus marquant. Une tronche, d'abord. Et un naturel assez fou, une mélancolie pleine de charme. Le gentil gars qui se laisse embarquer par ses potes. Mais qui ne demande que ça, cependant, à se laisser embarquer.
Pour autant, Palo Alto n'est pas un grand film. D'autant que la fin, qui n'en est pas une, vient nous cueillir à froid et laisse une dernière impression assez mauvaise. Et même sans cette fin ratée, d'ailleurs : le film manque trop d'audace pour être bon. Tant pis. Au moins aura-t-il permis de voir Emma Roberts sous un nouveau jour et, surtout, de découvrir Jack Kilmer.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 09/20

01 juin 2014

"Indiens de plaines" : l'expo à voir de ce début 2014

Peut-être la meilleure des expositions de ce début d'année 2014. Parce que la plus émouvante. C'est très subjectif, certes, mais quiconque ressort du musée Branly sans avoir le coeur serré n'en a justement pas, de coeur. A voir absolument jusqu'au 20 juillet. 


Sitting Bull, bien sûr. Geronimo, évidemment. Le folklore, en somme. Pauvres Indiens que, trop souvent, on a tendance à caricaturer aux seuls souvenirs des films de western. On étant "je", vous l'aurez compris. Mais on étant souvent "nous", aussi, faut pas me la faire, à moi (à nous, on ne sait plus).
On ne les connaît pas, les Indiens. On ne sait rien d'eux. En partie parce que, pauvres d'eux, ils ne sont pas "nos ancêtres les Gaulois". Pas sûr, d'ailleurs, qu'ils soient les ancêtres de grand-monde. Apprend-on l'histoire des Natives Americans dans les écoles du Dakota ?
C'est donc d'autant plus passionnant de les découvrir enfin grâce à l'exposition Les Indiens des plaines, au musée du quai Branly, à Paris. Une merveille pour quiconque est passionné d'histoire, de sociologie, de culture. De choc des civilisations, aussi.

Fascinant et destructeur choc des civilisations

C'est fascinant les chocs de civilisation. On n'en a pas eu tant que ça, dans l'histoire. Pêle-mêle, et au risque d'en oublier, les Croisades, l'esclavage en Afrique et, donc, la découverte de l'Amérique, en 1492. Les Incas, en Amérique du Sud, balayés par les Espagnols. On connaît, cela. On ignore en revanche les détails de cet autre choc, tout aussi dévastateur, au Nord, avec les Indiens.
L'histoire de deux cultures qui évoluaient séparées d'un océan. Tranquillement. Chacune à leur rythme. Et puis la rencontre. Des Espagnols, des Anglais, des Français qui débarquent. Mousquets et fusils contre arcs et haches. Combat inégal, forcément. Et combat forcément, surtout. Car l'homme est un loup pour l'homme. Et ce n'est pas nous qui le disons. C'est Hobbes.
Ceci est une robe quapaw.
Elle est en France depuis 1740,
et évoque la rencontre entre les quapaws
et les premiers colons Français.
Donc combat, puisqu'il est question de domination. Et l'on se surprend à se rappeler que, dans cette histoire, les Français, longtemps, ont eu leur mot à dire. La Louisiane, vendue par Napoléon, cela vous dit quelque-chose? Nos charmants coureurs des bois, aventuriers audacieux, y sont allés, dans ces plaines américaines. Et très tôt encore. Nos archives en gardent le souvenir. Et le musée du quai Branly les ressort opportunément, ces vieilleries.

Des liens avec les Français dès le XVIIIème siècle

On dit vieilleries. On ne devrait pas, tant on est resté en admiration devant elles. Soudain, sous nos yeux, ces Indiens, si loin de nos préoccupations, si loin de notre quotidien, s'en rapprochent immédiatement. Des Français, nos ancêtres peut-être, ont directement côtoyé ces tribus indiennes. C'est tout con, hein, on le concède, cette idée de se dire que ces contacts du XVIIIème siècle créent davantage de liens et d'émotion que s'il n'y avait rien eu.
Le clou de l'exposition ainsi, à nos yeux, c'est bien cette robe quapaw, datant de 1740. D'abord parce qu'elle ancienne. Ensuite parce qu'elle est sublime. Enfin parce qu'elle a été, au milieu du XVIIIème siècle, troquée par des colons Français de passage. Cette robe évoque d'ailleurs, dessinée sur son motif, l'histoire de cette alliance, conclue entre les Français et les Quapaw, contre une autre tribu.
Notre histoire rencontrant la leur. Cette robe a traversé l'Atlantique avec les colons de retour. Elle est arrivée à Paris, a été vue à Versailles et ailleurs. Louis XV lui-même, peut-être. Elle est le lien, concret, direct, de ces relations anciennes entre Europe et Amérique.
De quoi se poser cette question de savoir ce que nous en avons fait, nous, Européens, de cette découverte de l'Amérique ? Réponse. De la merde, essentiellement. Les Espagnols sont arrivés dans la région du Nouveau-Mexique dès 1540. Ils ont bien sûr poussé plus au Nord très vite, jusque ces plaines centrales où vivaient les tribus.

Sacagawea, un destin assez fou-fou.
Ne les appelez plus jamais Sioux

Le début d'un malentendu terrible. Pour ne pas dire pire. Les noms de ces tribus, par exemple. Des déformations européennes, rien d'autre. Des noms donnés au gré des rencontres faites par les premiers explorateurs. Prenez les Sioux. Jamais de la vie eux se désignaient ainsi. Surtout pas. Sioux, cela vient d'un nom péjoratif donné par leurs ennemis : Nadowissioux, qui signifie "serpents", "ennemis". Les oreilles européennes, peu habituées aux subtilités de prononciation indienne, en ont seulement retenu la dernière syllabe. Va pour Sioux, alors, quand eux se nommaient Lakotas.
C'est tout cela qu'on apprend au musée Branly. Et c'est diablement intéressant. L'expo, très intelligemment, débute par une grande carte, afin qu'on se repère dans une géographie qui n'est pas la nôtre. C'est très utile et didactique. On nous jette quelques noms, symboles forts de l'histoire des tribus, Sacagawea, Tacumseh, Quanah Parker ou Sitting Bull. On nous retrace les grandes lignes de leur destinée et on évoque l'expédition de Lewis and Clark... Un truc exceptionnel. Entre 1804 et 1806, un voyage "d'étude" organisé pour traverser l'Amérique du Nord d'est en ouest, jusqu'au Pacifique.

Plus que 250.000 Indiens en 1910
Chef aux aguets. 1975.
Pop art style.

Une foi ceci posé, et nos lacunes d'histoire indienne un tout petit peu comblée, on avance de salles en salles. Une construction anti-chronologique. A savoir qu'on pénètre d'abord au coeur même de la culture amérindienne d'aujourd'hui. En 2000, on estimait ainsi à 4 millions de personnes la population indienne aux Etats-Unis. Tous Américanisés et urbanisés, évidemment, souvent fondus dans la masse mais avec, quand même, pour certains, ce souci salvateur de ne pas oublier leurs racines. Quelques oeuvres, d'artistes contemporains, nous rappellent cette ambition. C'est plus ou moins naïf et esthétique, chacun y portera l'analyse qu'il voudra, mais cela a le mérite d'exister.
Car, pour ces Indiens, on revient de sacrément loin. Le déclin, pour eux, aura été rapide et douloureux. En 1910, il n'en restait plus guère que 250.000 seulement aux Etats-Unis. C'était l'époque de l'acculturation. Des réserves où on les confine. Des ravages de l'alcool. Et des rites ancestraux interdits, sous peine d'emprisonnement. Tu seras un bon Américain mon Amérindien...
Ceci est une pipe.
Entre 100 avant et 100 après
notre ère.

Saloperies de films de western

Une civilisation détruite, en somme. Laquelle, pourtant, était riche d'une longue histoire. On en revient ainsi, après ces premières salles, à un parcours chronologique. Ici, une pipe en argile à effigie humaine, datant entre -100 et 100 après notre ère. Là, une effigie de bison, taillée dans du calcaire par un artiste Crow, issu du Wyoming actuel, entre 1600 et 1800.
Ceci est un bison.
Entre 1600 et 1800.
Une manière de comprendre, s'il en était besoin, que ces Indiens étaient évidemment tout sauf des êtres arriérés comme les westerns ont trop longtemps véhiculé cette image. Quelques extraits de films viennent d'ailleurs nous remettre dans cette ambiance des années 1930 à 1960. Et cela glace le sang, il faut avouer, tant c'est en effet caricatural.
Vient ensuite le clou du spectacle. Cette salle, immense, où s'amassent toutes ces robes et objets plus ou moins sacrés, tirés de ces tribus. Une culture de l'oral et du dessin, puisque l'écriture n'existe pas. Sur ces robes, dont les plus vieilles sont du début du XVIIIème siècle, c'est toute l'histoire de ces peuples qui se dévoile. Il faut imaginer l'orateur, chargé de raconter et perpétuer les exploits de la tribu, les porter et s'en servir de supports dans les veillées. Une émotion assez dingue qui nous étreint, quand on entre.
Robe utilisée pour la danse des esprits.
Indiens Arapahos, 1890.
En déambulant encore, on découvre ici un collier fait en griffes d'ours, en 1830, là des boucliers en cuir ou des haches de guerre. Même une poupée cheyenne, de 1880 ou, plus près de nous, cette valise sublime, du début du XXème, reprenant les codes des robes d'antan, à savoir l'histoire de la tribu couchée sous n'importe quel support, pour la faire vivre. Quiconque ne ressort pas de là le coeur serré et ému n'en a justement pas, de coeur. Peut-être, même si c'est évidemment très subjectif, la meilleure exposition de ce début d'année.

Les Indiens de Plaines,
Musée du quai Branly
Jusqu'au 20 juillet 2014





Collier de griffes d'ours. 1830. Artiste Iowa.

Hache de guerre du Missouri. 1860.

Bouclier en cuir brut. 1850.
Dakota du Nord.

Poupée cheyenne. 1880. 

Manteau d'homme. Vers 1920.
Artiste Iakota (sioux).

Chemise d'homme en peau tannée. 1750.Arapahos 

Veste d'homme. 1890. Lakota. 

Valise en cuir et perles de verre, 1903.
Par Nellie Two Bear, artiste Iakota.
Relate les exploits de son père Two Bears
dans la bataille de Stone Hill en 1863.