09 novembre 2014

Les Opportunistes : jolie surprise d'automne

Une jolie surprise que ce film italien Les Opportunistes. Une intrigue excellente, qui tient en haleine et surprend jusqu'au bout. Des personnages franchement bien fouillés et complexes à souhait. Non, vraiment, pas grand-chose à reprocher à ce film... si ce n'est son affiche, ratée.


Vous avez peut-être vu la bande-annonce et lu le synopsis. Normalement, aucun des deux ne vous a donné envie de voir Les Opportunistes. C'est dommage car ce film est très bon. Bien plus, en tous cas, que ce qu'il laisse présager.
Le scénario est d'une richesse implacable et la mise en scène, si elle est très classique, tient franchement bien la route. Pour tout dire, on a même été scotché par la qualité de l'intrigue. La manière dont elle est menée. Une sacrée bonne surprise, en somme.

Quelque chose entre Chabrol et Woody Allen

Les Opportunistes - on regrette vraiment ce nom si mauvais quand le titre original, en italien, Il capitale umano (Le capital humain), nous paraît tellement plus subtil... Enfin bref, que disions-nous ?
Oui. Les Opportunistes reprend les bons vieux codes du polar "social". La famille, le secret, l'ambition, l'argent, le mélange des classes sociales, toutes ces bonnes recettes qui nous font voguer quelque part entre les atmosphères des films de Chabrol et de Woody Allen.
Un grand et beau rôle pour Valeria Bruni-Tedeschi.
Le risque aurait été de simplement se mettre dans le pas de ces géants. Paolo Virzi, le réalisateur, évite joliment l'écueil avec une construction à laquelle on adhère complètement : une division en trois chapitres distincts, pour adopter le point de vue de trois des personnages principaux.
Avec, à chaque fois, et c'est là où c'est malin, de courts flashbacks successifs qui nous replongent dans une scène déjà vue, mais avec un autre oeil. Le film avance donc par à-coups. Un peu comme un démarrage en côte. Vous savez, quand vous lâchez l'embrayage et que vous reculez de quelques centimètres avant de repartir de l'avant ? Oui, on sait, on est doué pour les métaphores. Ben là c'est pareil. Et on a adoré.
On a adoré parce que ça vient nous cueillir à froid et nous apporter de sympathiques rebondissements auxquels on ne s'attend pas du tout. Et comme c'est foutrement bon que d'être ainsi encore surpris au cinéma !

Bienvenue dans la grande bourgeoisie arriviste et sûre d'elle-même

Trinquons à l'avenir de la grande bourgeoisie !
Mais voilà qu'on s'aperçoit qu'on n'a encore rien dit de l'histoire. On est en Italie (rien que ça, déjà, entendre parler italien, c'est un pur bonheur) et on suit les aventures, mêlées, entremêlées, démêlées et pas toujours très saines, des familles Bernaschi et Ossola.
La première est une raclure fin de race de la grande bourgeoise financière, riche à millions, d'une cupidité à toute épreuve et bouffée par les non-dits. Tandis que la seconde est une raclure arriviste sans grande envergure, mais d'une prétention folle, très nouveau riche qui se la pète.
Les deux se trouvent liées par l'amour qui unit les deux rejetons de famille. Et voilà que ça se fait des courbettes et des mamours, mais sans une once ni de sincérité, ni de chaleur.
Chez les Bernaschi, je demande le père, Giovanni, le fils Massimiliano et, surtout, la mère Carla (une épatante Valeria Bruni-Tedeschi). Chez les Ossola, la crétin de père Dino (Fabrizio Bentivoglio), l'effacée de belle-mère Roberta (Valeria Golino) et, surtout, la fille attachante et humaine Serena (Matilde Gioli).

Une intrigue excellente et qui tient en haleine 


Non, en bas à droite, ce n'est pas un fils Sarkozy, non.
De ces six, pour vous donner une idée de l'importance de chacun, seuls Dino, Carla et Serena ont droit à leur chapitre dans le film. Dino est un agent immobilier ridicule d'arrivisme et de prétention, Carla est une pauvre femme sacrifiée à la réussite de son mari et Serena, boule d'humanité et de jeunesse bienfaisante, s'échine à ne pas tomber dans le piège de la reproduction familiale.
Dans un tel cadre, on s'en doute évidemment, il faut une étincelle pour venir faire sauter cette tranquillité apparente de ces deux familles fières et sûres d'elles-mêmes. C'est la scène d'ouverture du film : un cycliste renversé sur une route enneigée, un soir de Noël, et l'enquête policière qui s'avance dans l'intimité, pas toujours folichonne, de ces charmants personnages.
Vous le voyez, sur le papier, d'un classicisme sans grande surprise. Mais, au final, une intrigue qui vous prend vraiment et qu'on a même envie de qualifier, dans une envolée lyrique qui nous effraie un peu, de... palpitante.

Matilde Gioli, qui joue Serena, porte très bien son nom.
Meilleur que Gone Girl dans un genre finalement assez similaire

Du vrai et bon cinéma comme on l'aime. Certes, sans rien de très novateur dans la mise en scène mais avec une maîtrise qui fait notre bonheur. A nos yeux, et dans le genre secrets familiaux qu'on fait sauter, bien plus complexe et intéressant qu'un Gone Girl par exemple. Donc meilleur. Avec, à souligner, un rôle d'une intensité et d'une présence assez folle pour Valeria Bruni-Tedeschi, qu'on n'avait pas vu aussi bonne depuis bien longtemps.




Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 14/20

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