L'idée de base est originale, consistant à mêler la petite histoire à la grande. Et si la mise en scène est très timide, Justine Triet, pour son premier film, ne s'en sort pas si mal. Avec, surtout, un très bon Vincent Macaigne, qui tient l'ensemble à lui tout seul.
La bataille de Solférino, la vraie, eut lieu un beau jour de juin 1859. Et s'est soldée par une victoire française. L'une des dernières, d'ailleurs, soit-dit en passant. La bataille de Solférino, le film, se déroule un beau jour de mai 2012. Et, tout aussi sanglante, voit la défaite, aussi bien morale que physique, du fringant trentenaire. Mais pas forcément la victoire du cinéma même si, au final, Justine Triet, pour son premier long-métrage, s'en sort avec quelques honneurs.
Ne serait-ce que par le sujet de son film, d'abord. Sympathique. Nous sommes le dimanche 6 mai 2012, jour du second tour de l'élection présidentielle. Laetitia (Laetitia Dosch) est journaliste pour iTélé. Elle ne devait pas travailler, ce jour-là, mais remplace une collègue au pied levé, afin de couvrir l'événement, au siège du PS, rue de Solférino - d'où le nom du film, magie.
Working girl? Je ne ferai pas ça tous les jours
Professionnellement, c'est plutôt une bonne nouvelle. Mais personnellement, en revanche, c'est une autre histoire. Elle doit, en catastrophe, s'organiser pour faire garder ses deux filles. Et déniche, pour cela, en guise de baby-sitter, un grand nigaud, qu'on qualifiera de gentil mais d'un peu mou (Marc-Philippe Vaugeois). Pas très engageant, mais a-t-elle le choix? Je pose la question, et réponds dans la foulée par la négative.
C'est cela la jeune trentenaire d'aujourd'hui. Une working girl qui doit tout mener de front. Et sans râler, s'il vous plaît. Mais le père, me direz-vous? Le couple est séparé. Donc il est absent, le père, normalement. Mais pas ce dimanche, justement. Ce qui complique singulièrement les choses. Car Vincent (Vincent Macaigne) est du genre dérangé. Pas méchant, non, mais autrefois interné, donc fragile. Tellement que le juge, après la séparation, lui a interdit de voir ses enfants sans la présence de la mère. Or, bien sûr, ce dimanche, le père est en bas de l'appartement, bien décidé à passer la journée avec ses filles. De quoi paniquer Laetitia, qui n'avait franchement pas besoin de ça pour passer une journée de merde...
Une mise en scène trop timorée
La voilà qui assure ses directs, comme si de rien n'était, mais se retrouve ensuite, une fois la caméra coupée, à devoir gérer le baby-sitter, qui ne s'en sort pas, l'ex, qui insiste et se tape l'incruste... Sur le papier, plutôt réjouissant. Sur la pellicule, un brin foutraque, mais pas inintéressant.
Il faut juste, quand même, et c'est le gros bémol, regretter l'absence totale de prise de risque de la part de Justine Triet. Rien à relever de flamboyant dans la mise en scène. La jeune réalisatrice est pourtant censée porter haut les couleurs de la nouvelle génération française... On pouvait attendre plus de sa part.
Pour autant, il ne faut pas bouder son plaisir. Elle contrôle son scénario, qui tient la route, et réussit assez agréablement à jongler entre la grande histoire - l'élection de Hollande - et la petite - la vie d'une femme qui ne maîtrise plus grand-chose à sa vie. Ce combat, pardon cette bataille (soyons raccord avec le titre), est plaisante à suivre. Et ce même si Laetitia Dosch manque assez cruellement de nuance dans son jeu.
La guerre des deux ex
Vincent Macaigne, lui, est flippant à souhait dans son rôle de névrosé. On le déteste, d'abord, puis se surprend ensuite à être ému par sa détresse. Macaigne nous fait passer par tout le panel des émotions, des larmes au rire, du malaise le plus opaque et palpable quand il est en "crise" à une douceur intense quand il retrouve le contrôle. Sa voix, toujours douce, contraste assez admirablement avec la dureté de ses sentiments, qu'il a du mal à exprimer.
Un beau jeu d'acteur, qui trouve sa plénitude dans l'affrontement final. Les deux ex ont passé tout le film à s'éviter. Ils doivent bien sûr maintenant s'affronter. Ce sera tour à tour "sanglant" et touchant, doux et dur, délicat et cruel. Du cinéma, enfin. Un peu tardif, et un peu long, aussi, avec des dialogues pas toujours à la hauteur, mais du cinéma...
Ne serait-ce que par le sujet de son film, d'abord. Sympathique. Nous sommes le dimanche 6 mai 2012, jour du second tour de l'élection présidentielle. Laetitia (Laetitia Dosch) est journaliste pour iTélé. Elle ne devait pas travailler, ce jour-là, mais remplace une collègue au pied levé, afin de couvrir l'événement, au siège du PS, rue de Solférino - d'où le nom du film, magie.
Working girl? Je ne ferai pas ça tous les jours
Professionnellement, c'est plutôt une bonne nouvelle. Mais personnellement, en revanche, c'est une autre histoire. Elle doit, en catastrophe, s'organiser pour faire garder ses deux filles. Et déniche, pour cela, en guise de baby-sitter, un grand nigaud, qu'on qualifiera de gentil mais d'un peu mou (Marc-Philippe Vaugeois). Pas très engageant, mais a-t-elle le choix? Je pose la question, et réponds dans la foulée par la négative.
Vincent Macaigne (à gauche), très bon dans son rôle de névrosé. |
Une mise en scène trop timorée
La voilà qui assure ses directs, comme si de rien n'était, mais se retrouve ensuite, une fois la caméra coupée, à devoir gérer le baby-sitter, qui ne s'en sort pas, l'ex, qui insiste et se tape l'incruste... Sur le papier, plutôt réjouissant. Sur la pellicule, un brin foutraque, mais pas inintéressant.
Il faut juste, quand même, et c'est le gros bémol, regretter l'absence totale de prise de risque de la part de Justine Triet. Rien à relever de flamboyant dans la mise en scène. La jeune réalisatrice est pourtant censée porter haut les couleurs de la nouvelle génération française... On pouvait attendre plus de sa part.
L'affrontement final. Le moment où le film devient... cinéma. |
La guerre des deux ex
Vincent Macaigne, lui, est flippant à souhait dans son rôle de névrosé. On le déteste, d'abord, puis se surprend ensuite à être ému par sa détresse. Macaigne nous fait passer par tout le panel des émotions, des larmes au rire, du malaise le plus opaque et palpable quand il est en "crise" à une douceur intense quand il retrouve le contrôle. Sa voix, toujours douce, contraste assez admirablement avec la dureté de ses sentiments, qu'il a du mal à exprimer.
Un beau jeu d'acteur, qui trouve sa plénitude dans l'affrontement final. Les deux ex ont passé tout le film à s'éviter. Ils doivent bien sûr maintenant s'affronter. Ce sera tour à tour "sanglant" et touchant, doux et dur, délicat et cruel. Du cinéma, enfin. Un peu tardif, et un peu long, aussi, avec des dialogues pas toujours à la hauteur, mais du cinéma...
Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 11/20
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