La vie de La Callas ? Une tragédie grecque. D’une enfance modeste à une gloire éclatante. Des amours tumultueuses et des drames intimes. La véritable histoire de Maria Callas, biopic sur planches porté par des comédiens excellents, raconte tout cela.
Et soudain apparut la danseuse. Drapée de blanc. Tourbillonnante et gracieuse. La voir se saisir d'une chaise ou de tout autre élément de décor et, virevoltante, le déposer à l'autre bout de la scène, tandis que, dans les haut-parleurs, la voix de La Callas résonne... Rien que pour cela, La véritable histoire de Maria Callas, jouée au théâtre Déjazet, vaut le détour. Une idée tout simple, mais pourtant assez géniale, que de faire ainsi des changements de décors une partie intégrante du spectacle.
C'est peu dire, donc, si la mise en scène est réussie. Sobre et poétique. Juste ce qu'il faut. Et jusqu'au dénouement final, en forme de tragédie grecque. Mais comment conclure autrement que par une tragédie grecque, justement, quand il s'agit de La Callas?
Biopic sur planches
Emmenée par une Sophie Carrier franchement sublime, dans le rôle de La Callas adulte, et un Pierre Santini plus vrai que nature en Aristote Onassis, la pièce nous plonge au coeur du drame intime de la cantatrice : la gloire sur scène, peut-être, la reconnaissance et l'argent, sans doute, mais, en coulisses, une vie pas si drôle que ça. Des amours difficiles, un désir d'enfant jamais assouvi et une courses éperdue après le bonheur.
Question du petit Norbert, de Vidoncle-en-Plouviard : s'il est question d'une "La Callas adulte", c'est donc qu'il doit y avoir quelque part une "La Callas jeune"? Bien vu, Norbert ! Il y a bien une Callas jeune, en effet, jouée par Lola Dewaere. Une Callas marquée par quelques kilos en trop et une mère abusive. Car La véritable histoire de Maria Callas est, comme qui dirait, un biopic sur planches.
On revit tout, de sa jeunesse américaine à ses débuts sur scènes, sa rencontre avec Meneghini, son mari et surtout impresario - plus impresario que mari, d'ailleurs, et c'est bien là le drame - et, enfin, l'irruption dans sa vie d'Aristote Onassis. L'apothéose et le début de la fin. Le choc de deux Titans. Deux aimants, amants, qui s'attirent et se repoussent, fusionnent et fissionnent...
Très respectueux de la réalité. Peut-être trop
Une Sophie Carrier plus que sublime dans des robes plus que jolies. Et inversement. ©Maxppp |
Concurrencée, dans sa carrière, par la Tebaldi, qui lui fait de l'ombre et, auprès d'Onassis, par Jackie Kennedy, La Callas sombre peu à peu. C'est le déclin. C'est le destin... Peut-on être heureuse et star planétaire? Vous avez quatre heures...
Voilà pour l'histoire. La pièce, en voulant absolument coller à la réalité, a ce mérite de titiller la curiosité du béotien que je suis. J'ai dévoré les notices biographiques des uns et des autres, en sortant du théâtre. Maria, Battista, Ari, Jackie, Renata... Revers de la médaille, ce respect, quasi mystique, du sombre destin de la Diva, peut avoir quelque chose d'un brin étouffant. Si le diable se niche dans les détails, les détails, parfois, peuvent s'avérer diablement superflus.
La pièce ne prend sa dimension réelle que lorsque Maria cède le pas à La Callas, quand Lola Dewaere s'éclipse devant Sophie Carrier. Le passage de relais entre les deux comédiennes, marquant un saut dans la carrière de La Callas, est d'ailleurs l'une des scènes les plus intéressantes de la pièce, avec un jeu de miroir très bien pensé. Et une jolie mise en lumières.
Cruel pour Lola Dewaere, puisque cela laisse sous-entendre que son jeu est en dessous, par rapport à Sophie Carrier? Pas vraiment, non. Disons que ce n'est pas tant son jeu qui est en cause, que son texte. La véritable histoire de Maria Callas pèche un peu dans l'écriture. Elle se veut très classique, pour respecter au plus près le destin de La Callas. C'est, je crois, une erreur. Il aurait fallu oser trahir, un peu, juste un peu, pour se permettre plus de libertés narratives, stylistiques.
Le duo Pierre Santini - Sophie Carrier vraiment très bon
Les échanges rapides, dialogues qui s'enchaînent, ne posent aucun problème. Le talent des comédiens, leur sens de la scène et du placement, permettent d'accaparer les esprits, de capter l'attention. On ne dira jamais assez, à ce propos, à quel point le duo Pierre Santini-Sophie Carrier est merveilleux. Mais, en revanche, dès que les tirades se font plus longues, le change est plus difficile à donner. Or, toute la première partie, avec Maria jeune et sa mère (Andréa Ferréol), est justement faite de ces plus ou moins longs monologues. Ceci expliquant cela : c'est bel et bien dans sa seconde partie que la pièce décolle.
Mais elle décolle, jusqu'à la scène finale très réussie, et c'est là l'essentiel. Avec, quand même, quelques apparitions de Jackie Kennedy assez superflues. Là encore, rien à voir avec le jeu de Cécile Pallas, qui joue le rôle. C'est juste que ces scènes, voulant montrer que Jackie "vole" Onassis à La Callas, n'apportent pas grand-chose. Au contraire, même, elles ont tendance à couper le rythme.
De même que la rivalité avec "la grosse Tebaldi" n'est que suggérée, celle avec Jackie Kennedy aurait gagné à être traitée de la même manière. La pièce, raccourcie d'un bon quart d'heure, y aurait trouvé plus d'unité. Ce qui aurait fait toute la différence entre "bonne" et "très bonne".
La véritable histoire de Maria Callas
Théâtre
Déjazet
41,
boulevard du Temple
Métro
République
Tous
les soirs à 20h30, sauf les lundis. Les dimanches à 15h.
Jusqu'au 5 mai 2013
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