24 mars 2012

"Les Adieux à la Reine": le bonjour à l'ennui

C'est la curiosité qui m'a poussé à aller voir Les Adieux à la Reine. Avec, dans la bouche, un arrière-goût de sang. On a tellement tout dit, tout fait, tout écrit sur Marie-Antoinette. Je me demandais comment Benoît Jacquot allait se débrouiller avec ce fardeau. Et la réponse est... mal, très mal. On s'ennuie de bout en bout. Et rien, ni dans la mise en scène, ni dans la lumière, et encore moins dans les dialogues, ne vient susciter l'intérêt, ne serait-ce que quelques instants. Ce film aurait pu être tourné il y a 30 ou 40 ans, cela aurait été pareil. Le Marie-Antoinette de Sofia Coppola, en dépit de toutes les critiques, avait au moins le mérite d'être ancré dans son époque, lui. Et qu'on n'aille pas me dire que cette intemporalité des Adieux à la Reine est gage, pour le film, de succès à long terme. Que je sache, la fadeur n'a jamais été une qualité recherchée...
Les Adieux à la Reine est fade car trop timoré. Benoît Jacquot a choisi de demeurer dans un huis-clos un peu pathétique, avec une reine très lunatique, entourée d'une cour de femmes - c'est un film de femmes, les hommes ne font guère plus que quelques apparitions, y compris le roi. Marie-Antoinette (Diane Kruger dans le rôle), d'une langueur abyssale, apparaît coupée de toute réalité. Ses dames de compagnie jouent le rôle de garde chiourme, filtrant les entrées à ses appartements. Et c'est dommage car, dehors, il s'en passe de drôles de choses! Nous sommes au matin du 14 juillet 1789, la Bastille va bientôt tomber...
Un film sur la prise de conscience politique d'une reine frivole? Même pas. Tout juste si, dans les couloirs de Versailles, on assiste à quelques rassemblements inquiets quand la nouvelle se répand. Rassemblements auxquels on ne croit pas une seconde, tant Benoît Jacquot échoue lamentablement y mettre une once d'intensité dramatique. La reine, elle, soumet vaguement le projet d'une fuite vers Metz, avec l'idée de revenir ensuite mater Paris avec l'armée. Puis passe à autre chose. En réalité, elle est amoureuse. Amoureuse de Gabrielle de Polignac, jouée par Virginie Ledoyen, que l'on a beaucoup vue en promo, mais qui apparaît finalement assez peu dans le film. Marie-Antoinette s'en ouvre à sa lectrice, Sidonie Laborde (Léa Seydoux), secrètement entichée de sa reine.
Un classique triangle amoureux se forme donc. Enfin, pas si classique que ça, car exclusivement féminin. Mais - soupirs - même pas sensuel alors que, je vous connais petits coquins, la perspective de scènes vaguement lesbiennes vous faisait saliver d'avance (et non, il ne s'agit pas de mes fantasmes!). Ça se caresse un peu le bras et, au mieux, se colle front contre front. Que l'on n'aille donc pas voir Les Adieux à la Reine pour cette raison. Ni pour le dénouement à vrai dire - la reine supplie sa Polignac adorée de fuir Versailles, tant qu'il en est encore tant. Ni pour rien, en somme, car à part y lire quelques passages de grands classiques de la littérature - et encore assez mal - et y faire de la broderie, c'est le grand vide.

Bilan: On peut s'en passer - Moyen - A voir! -Excellent - Attention, futur grand classique.
Note: 07/20

3 commentaires:

Ada a dit…

J'ai trop aimé celle de Stefan Zweig pour être objective sur les autres Marie-Antoinette.

Jean-Noël Caussil a dit…

Ah ça oui, excellente, cette biographie. Tu as lu celle de Marie Stuart aussi, je présume?

Ada a dit…

Oui, et celle de Balzac