02 novembre 2015

Mon roi : l'amour passionnément

Filmer une histoire d'amour, avec des hauts, très hauts, et des bas, très bas... Jamais simple. Car mille fois tenté... pour 990 fois raté. Maïwenn, elle, avec Mon roi, réussit son coup. Une fois encore. Avec, notamment, un joli scénario et des dialogues d'une richesse assez folle. 


Cela nous avait déjà marqués avec Polisse. Ce sens des dialogues, précis, drôles, profonds. Qui font mouche. Sourire ou réfléchir. Parfois les deux en même temps. Maïwenn réussit, avec Mon roi, son grand retour, quatre ans après son dernier film.
Elle parvient même, ce qui pour nous est complètement dingue, à nous faire aimer Vincent Cassel que, d'ordinaire... Alors, même si Mon roi est un peu long, sa force est réelle. Et, surtout, on en sort comme essoré, tellement on passe, deux heures durant, par à peu près tous les sentiments.

Du genou au je-nous...

Ce qui frappe avant tout, c'est la richesse du scénario. Une construction en flashback malin - malin parce qu'il ne dit pas son nom. Tony (Emmanuelle Bercot) se trouve en centre de rééducation après s'être foutu le genou en vrac.
On a d'ailleurs, à ce propos, une scène d'une grande intelligence d'entrée de film - c'est pour ça qu'on se permet de la citer : ça ne spoile rien. Tony est reçue par une psy qui, en quelques questions, lui fait prendre conscience que, si elle s'est fait mal au genou, ce n'est peut-être pas un hasard: genou, je-nous, problème de couple.

Quand une avocate intello rencontre un jet-setter branleur

Maïwenn offre à Vincent Cassel (à gauche)
et Emmanuelle Bercot (à droite),
deux rôles très très forts.
Simpliste ? Psychologie de comptoir ? Facilité de langage ? Qu'importe. L'expression vient nous cueillir d'emblée. De même qu'elle cueille Tony, qui se remémore alors son passé. Son histoire d'amour, aussi folle que passionnée, avec Georgio (Vincent Cassel) : une sorte de dandy jet-setter brillant, égocentrique, dont elle fut éperdue. Un amour rare. Complet, éblouissant, entre deux personnalités fortes et très différentes. L'avocate intello et le branleur soiffard.
Ces deux-là, dans un tourbillon d'amour et de désamour, traversent des hauts, très hauts, et des bas, très bas. Et quand Tony fait remarquer à Georgio qu'elle aimerait bien une vie plus sereine, moins sujette aux montagnes russes, lui répond que ces oscillations s'appellent un encéphalogramme, et que s'il est plat, c'est qu'on est mort.

Du cinéma qui vous tourneboule

Bah nous, on le confesse volontiers, ce genre de réplique, ça nous tourneboule. Deux visions de la vie divergentes, qui se nourrissent et se détruisent. Dix ans d'amour, c'est l'amour fou. Tony, dans son centre de rééducation, en fait le constat. Ni amer, ni acide, non. Juste le constat.
Et nous, spectateurs, on suit cela, ballotté de l'un à l'autre, donnant raison à l'un, puis à l'autre. On se prend les mêmes claques qu'eux, subit les mêmes affres... Quiconque voudrait une séance de cinéma bien tranquille doit passer son chemin...

Un grand film d'acteurs
Emmanuelle Bercot est contente.
Elle peut.


On en sort sacrément secoué, mais c'est aussi sacrément bon. Même si, quand même, sur la fin, on fatigue un peu, et commence à trouver le temps un brin longuet. Emmanuelle Bercot, pour son rôle de Tony, a reçu a Cannes le prix d'interprétation féminine. Il est mérité, car elle passe pas un panel de sentiments d'une largeur assez fofolle. Mais Vincent Cassel, loin de démériter, est remarquable lui aussi. Peut-être même plus profond, car plus énigmatique, plus difficile à cerner.
Un grand film d'acteurs, en somme, à défaut d'être forcément un grand film de cinéaste. On veut dire par là qu'on n'est pas spécialement ébloui par la mise en scène, la lumière. Mais le scénario et le jeu sont tellement forts, eux, que cela suffit à notre bonheur.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 13/20

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