10 octobre 2016

Marie Piselli se pose avec Eclat chez Galry, rue de Verneuil

Après avoir exposé tout l’été à Draguignan, Marie Piselli arrive maintenant à Paris, avec son exposition Eclat, destinée à porter un regard neuf sur la notion de l’enfermement.


Marie Piselli.
Une prison, c’est toujours impressionnant. Cela l’est quand elle grouille de ces petites et grandes misères humaines entassées là. Cela l’est sans doute encore davantage quand, désaffectée, elle résonne du vide qui s’installe. C’est comme si, alors, des centaines de fantômes en prenaient possession. On appelle cela l’imagination au pouvoir, la rêverie, comme vous voudrez.
Quand on est artiste, cela donne des idées, forcément. Chez Marie Piselli, tout débute donc quand, en 2014, elle visite l’ancien centre pénitentiaire de Draguignan, sa ville d’origine. Cela fait immédiatement « tilt » dans son esprit : émue par l’âme de ce lieu chargé d’émotions, la plasticienne est en effet convaincue que notre monde contemporain vit une période de mutations, marquée par des « crises » et par un « état d’urgence » profond qui, si l’on veut bien se donner la peine d’un peu d’optimisme, a tout d’une… « renaissance ».

De Hop...e à Eclat

Adepte des onomatopées/jeux de mots, elle imagine alors Hop…e, une exposition destinée à s’installer à la Chapelle de l'Observance, à Draguignan. Hop…e comme « hop, hop, hop, on se bouge » et Hop…e comme « hope », espoir en anglais, vous l’aurez compris… Ode à l’ouverture critique, sur le mode « entrez, n’ayez pas peur, réappropriez-vous l’endroit, il sera ce que vous déciderez qu’il soit », Hop…e, après avoir fait le bonheur des Dracénois jusqu’en juillet dernier, arrive maintenant à Paris, sous le titre de « Eclat », présenté chez Galry, au 41, rue de Verneuil à Paris, jusqu’au 12 novembre 2016.

Fragments de pieds
Avant j'étais une fée...

L’idée est, là encore, d’offrir une porte de sortie vers l’espoir… Plutôt, de la proposer, car tout est subtilement présenté. « J’aime venir chatouiller les émotions des gens, s’amuse Marie Piselli. Qu’ils voient, qu’ils regardent, qu’ils réfléchissent à ce que je leur suggère et, ensuite, suivant leur envie, leur humeur, qu’ils en fassent ce qu’ils veulent, en y portant l’analyse de leur choix. »
Ainsi, parmi les œuvres exposées, outre d’authentiques objets issus du milieu carcéral, pour la première fois autorisés à être montrés au grand public, on trouve par exemple des « fragments de pieds nus »… « Sont-ils les siens (ceux de Marie Piselli, Ndlr), les nôtres à la poursuite de la liberté, ceux des prisonniers, ou encore ceux des migrants ? s’interroge Leila Voight, curatrice de l’exposition Éclat. Marchent-ils sur l’eau ou dans les airs ? » Excellente question que pose Leila Voight. Ces fragments de pieds, sont-ils dans la droite ligne de ceux d’un Cro-Magnonn, comme on en retrouve dans la Grotte Chauvet, auquel cas c’est un formidable signe d’espoir – j’étais là il y a plus de 22.000 ans et, d’une certaine manière, j’y suis toujours – ou sont-ils la dernière trace laissée sur le sable par un pauvre homme suicidaire dont, plus jamais, on ne retrouvera la place. Ce qui est admirable, c’est que c’est à chacun de se faire son opinion. Ce qui l’est plus encore, c’est sans doute que cette opinion sera amené à être modifier à gré des multiples visites que l’on pourra faire. A voir jusqu’au 12 novembre 2016, à Paris.

Eclat
Galry
41, rue de Verneuil
Jusqu'au 12 novembre 2016


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