22 mai 2016

Julieta, du grand art psychologique, mais avec un rythme trop lent

Almodovar livre une fois de plus une ode aux femmes. Il le fait bien sûr avec talent, mais dans un cadre très classique qui s'avère déroutant. Et un peu décevant aussi, finalement.


Almodovar excelle dans l'art de la maîtrise psychologique, la manière de faire ressentir les émotions de ses personnages. Ce n'est pas nouveau, mais cela éclate dans Julieta. Pour autant, le classicisme de la réalisation donne à son film un rythme un peu plan-plan, troublant.

Le talent d'Almodovar pour sublimer ses actrices

Si l'on s'attache à cette pauvre Julieta, qui nous fait le récit, poignant, de sa vie de mère abandonnée, la construction narrative, en flash-back chronologique et linéaire, vient plomber l'ensemble. On a un peu l'impression d'une histoire rabâchée, déjà vue. Et seule l'excellence du jeu des actrices vient donner un coup de fouet au déroulement d'une intrigue finalement assez paresseuse.
En clair, et en attendant la remise des prix à Cannes, où le film est en compétition, si l'on attribue volontiers un prix d'interprétation au duo Adriana Ugarte (Julieta jeune)-Emma Suarez (Julieta... moins jeune dirons-nous), on ne donnera rien au bon vieux Pedro. Mais, en même temps, pour lui qui n'a eu de cesse, sa carrière durant, que de justement mettre en avant ses actrices, pas sûr que ce soit finalement un crève-coeur.

Lent et contemplatif
Quand Julieta, 50 ans, écrit l'histoire de Julieta, 30 ans.

Le film s'ouvre sur une Julieta quinquagénaire, affairée en plein déménagement pour suivre son compagnon au Portugal. Elle semble épanouie, bien dans sa peau. Las, une rencontre fortuite, dans la rue, vient mettre à bas cette belle pseudo assurance. Une amie d'enfance de sa fille Antia lui dit qu'elle a vu cette dernière il y a une semaine. Pour Julieta, qui n'a plus de nouvelles d'Antia depuis plusieurs années, c'est un grand choc. Toutes ses souffrances enfouies resurgissent d'un coup. On n'échappe pas à son passé, jamais.
Julieta, alors, se réfugie dans son cocon, et écrit le récit de sa vie. Le flash-back débute. Il nous donne à voir une Julieta jeune, qui a la vie devant elle, qui rencontre un homme, qui l'aime, en est aimée en retour, qui donne naissance à une fille et puis qui voit son destin lui échapper, petit à petit. Du grand art psychologique mais, d'un point de vue cinématographique, très lent et contemplatif. Franchement pas inoubliable.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 11/20

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