10 avril 2016

Quand on a 17 ans, le grand retour de Téchiné

Filmer des émois adolescents n'est jamais facile. A fortiori quand ces sentiments flirtent avec une amitié particulière. Téchiné, qu'on avait un peu perdu de vue, revient à ses premières amours, avec Quand on a 17 ans. Un joli film.


Aux Etats-Unis, on a les films à Oscar. En France, ceux à César. Dans le premier cas, c'est la transformation physique que l'on salue. Dans le second, le jeu des regards, des non-dits. On caricature un peu. A peine. Tout ce que l'on veut dire c'est que Quand on a 17 ans brille par le jeu de ses acteurs, les sentiments qu'ils distillent.

Cette si belle capacité à filmer les sentiments

Marrant, d'ailleurs, de voir que Téchiné, décidément, se distingue par sa capacité à filmer les émotions, bien plus que par celle de poser sa caméra, faire de jolis plans. Qu'importe : c'est un talent qui n'est pas donné à tout le monde. Et c'est un talent, surtout, qui se confirme pleinement ici. Car boudiou, il faut avoir un coeur de pierre pour ne pas être touché par ce film.
Quand on a 17 ans met en scène Damien, (Kacey Mottet Klein), fils de militaire qui vit avec sa mère médecin (Sandrine Kiberlain) quelque part dans la montagne. Damien, au lycée, souffre visiblement. Il est bon élève, mais peine à s'intégrer en classe. Surtout auprès de Tom (Corentin Fila), le grand métis solitaire qui l'intrigue tant.
Mais quel est d'ailleurs ce sentiment étrange qu'il éprouve, envers ce garçon ? De la haine ? De l'attrait ? Et si c'est de l'attirance, est-elle physique ou intellectuelle ? Ami, ennemi... amant ? C'est si difficile à dire, à cet âge-là. Et comme Tom, à sa manière, semble traverser des mêmes émois, voilà nos deux gars qui, tels des mômes tirant les couettes d'une fille en maternelle, se mettent à se chercher des noises, sous fond de regards de biais, aussi scrutateurs que volés. Quelque chose, assez sublime, entre violence et amour naissant...

Un César pour Kacey Mottet Klein
Un homme, un homme, chabadabada chababada.

A ce petit jeu, franchement pas facile à incarner, les deux acteurs, Kacey Mottet Klein et Corentin Fila s'en sortent à merveille. On sent le trouble en eux, la confusion des sentiments. C'est touchant, émouvant. Beau et terrifiant à la fois. Tout juste si, parfois, malheureusement, Téchiné se laisse quand même aller à la facilité. On pense par exemple aux rôles périphériques, flirtant avec la caricature : le comportement de la mère (Sandrine Kiberlain) est assez peu crédible dans certaines de ses réactions. C'est embêtant, mais ce n'est pas grave. On en fait aisément abstraction.
Plus embêtant : la fin, un peu facile, longuette, qui vient rompre un peu le charme romantique de ces adolescents en recherche d'eux-mêmes. Là encore, ce n'est pas grave : la beauté des sentiments demeure. Elle est belle. Elle émeut et touche en plein coeur.


Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 13/20

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