12 janvier 2016

Les Huit salopards : un bon huis-clos à la sauce Tarantino

Huitième film de Quentin Tarantino, Les Huit salopards tient la comparaison de ses devanciers. C'est un très bon huis-clos qui tient en haleine, surprend, et met en valeur ses personnages. Une bonne manière de commencer l'année ciné 2016.


Il est des critiques que l'on ne comprend pas... Celles encensant Star Wars et celles dégommant Les Huit salopards, par exemple. Acceptons donc de naviguer à contre-courant d'une manière d'agir cohérente (c'est sans doute l'histoire de notre vie, mais nous travaillons à y remédier, promis). Les Huit salopards, nous, on a beaucoup aimé.
Oh ! on ne dit pas qu'il n'y a pas quelques longueurs, ni quelques facilités agaçantes mais, franchement, des films comme celui-là, on veut bien en voir toutes les semaines. C'est du Tarantino pur sucre, certes, mais du Tarantino qui arrive à nous surprendre. Vous en connaissez beaucoup, vous, des réalisateurs qui, film après film, y parviennent encore ?

Moins de jolis plans, mais un huis-clos palpitant

Bon, là, ce plan, il est joli, ok,
mais on vous jure qu'il y en a moins
que dans les précédents films de Tarantino.
Allez, quand même, un petit pas dans le sens des déçus : ce Huit salopards gagne en intensité psychologique ce qu'il perd en maestria artistique. On a moins de ces plans sublimes qui ont fait, aussi, la renommée de Tarantino. On dit cela et, en même temps, ce qui se dévoile sous nos yeux est largement supérieur au commun des réals. Disons qu'on est moins scotchés que dans nos souvenirs; la force de l'habitude, peut-être ?
Nous sommes quelque part dans le Wyoming profond (pléonasme), un peu après la fin de la guerre de Sécession. Le major Warren (Samuel L.Jackson), chasseur de primes, se trouve bien emmerdé, perdu dans le blizzard qui s'annonce. Avec lui, trois macchabées qu'il doit conduire à Red Rock pour remettre les corps au shérif  et ainsi toucher l'argent de leur mise à prix. Mais encore faut-il y arriver vivant, dans cette foutue ville... 
Or voilà que, devant lui, se pointe un attelage salvateur. Quelque signes, les chevaux qui s'arrêtent et, ô surprise, qui à l'intérieur ? John Ruth (Kurt Russell), une vieille connaissance, chasseur de primes de son état également. Lui est du genre à ramener ses prises vivantes. Il a donc, menotté à son poignet, Daisy Domergue (une incroyable Jennifer Jason Leigh), dont la tête vaut 10.000 dollars.
Plus loin, c'est le nouveau shérif de Red Rock, Chris Mannix (Walton Goggins), que les trois compères récupèrent sur le bord de la route. Vous le voyez venir, cet enchaînement de rencontres qui vient complexifier l'histoire ? Un à un, chacun troublant le jeu, apportant méfiance et crispation, les protagonistes entrent en scène.

Un beau rôle pour Samuel L.Jackson.
Un début un peu longuet

La petite bande, perdue dans la tempête de neige, trouve refuge dans l'auberge tenue par Minnie. Sauf que Minnie n'y est pas. A sa place, quatre autres gars, aux mines patibulaires mais presque. Un vieux général confédéré, un mexicanos, un cow-boy bourru et un anglais au sourire bien trop avenant pour être honnête.
Quatre et quatre font huit. Fermez le ban, tous nos salopards sont là. Le film est commencé depuis une bonne heure, le huis-clos peut s'enclencher. Une bonne heure, oui. On pourra trouver cela long. Et cela l'est, objectivement. C'est là, en réalité, le bémol principal : on peut considérer que cette introduction longuette est un poil molle du genou.
Mais après, en revanche, après, mes aïeux, c'est parti pour plus d'1h30 de folie pure. Dans la plus belle des traditions du huis-clos depuis Les dix petits nègres. Et on défie quiconque de savoir finalement démêler le vrai du faux, les bons des gentils. C'est cela le plus fort : partant d'un schéma narratif finalement assez classique, Tarantino nous surprend, disséminant ici et là plein de fausses pistes. On l'imagine bien, le canaillou, s'amuser à essayer de nous perdre. Et quoi de mieux que d'être surpris ? Hein, quoi de mieux ?

Mention spéciale pour Jennifer Jason Leigh
Jennifer Jason Leigh, parfaite dans un rôle pas facile.

Bah être ébaubi par le jeu des acteurs par exemple. Et c'est bien le cas. Aucun des huit ne prend le pas sur l'autre. cela aussi c'est fort : savoir maintenir cet équilibre entre les personnages. Tous au même niveau. Tous autant suspects les uns que les autres. Kurt Russell est parfait. Samuel L.Jackson aussi. Et que dire de Jennifer Jason Leigh ? Seule femme parmi les hommes, au rôle délicat à tenir, qui parle peu mais fait acte d'une présence assez fofolle rien que par ses mimiques. Du grand art. Pour un bon Tarantino, qui vient joliment ouvrir l'année ciné 2016.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 14/20

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