08 décembre 2015

Le Codex Atlanticus de Vinci à la Pinacothèque

Ingénieur avant d'être artiste... ou plutôt ingénieur en même temps qu'artiste (et d'autres choses encore), Léonard de Vinci voit une partie de son Codex Atlanticus exposé à la Pinacothèque. Une exposition à lire autant qu'à voir.


Génie, peut-être, mais bordélique, sûrement. Léonard de Vinci n'a pas beaucoup travaillé à sa propre gloire posthume. Heureusement, d'autres y ont veillé pour lui. Il en va ainsi pour ce que l'on connaît comme son Codex Atlanticus, dont une partie est exposée à la Pinacothèque de Paris.
C'est en effet le fruit d'un immense travail de compilation des oeuvres du maître, effectué un siècle après sa mort par un certain Pompeo Leoni. Gloire lui en soit rendue. Et respect, aussi. Non, parce que bon, tout sauf une sinécure ce boulot.

1119 feuillets en tout

En tout, 1119 feuillets, écrits de 1478 à la mort de Vinci, en 1519. Des feuilles volantes, de tailles diverses, que Leo noircissait au gré de ses inspirations. Comme pour un carnet de notes, en somme. Quitte, d'ailleurs, à utiliser chaque espace libre, quand c'était nécessaire. D'où des croquis laissés à des dates différentes, dans des sens différents : ici un dessin pour l'étude d'un prochain tableau ; là un plan d'architecte pour un pont, un palais, ou une arme quelconque.
Pompeo, on ne va pas trop lui en vouloir, a fait en sorte que tout cela tienne dans un ensemble cohérent. Enfin pas si cohérent que cela, justement... Le pauvre s'y perdait dans la chronologie : il a donc rassemblé tout ça un peu comme ça venait, découpant ici, et collant là, pour faire entrer le tout dans un même volume. Un volume de la taille de ceux que l'on utilisait alors pour la cartographie. D'où le nom, Atlanticus...

Merci Pompeo
Et comme ça, le canal, il débordera plus, ok ?


Pas simple pour les historiens, ensuite. Mais au moins cela a-t-il permis de sauvegarder l'essentiel. Or, finalement, de Vinci, il reste peu... Rien que l'aventure de ces feuillets du Codex tient du petit miracle. A la mort de Vinci, tout cela revient à son disciple Francesco Melzi, qui les garde jusqu'à son propre décès, en 1570. Après, c'est l'hallali. Ses héritiers se contrefoutent de ces bouts de papiers, et commencent la dispersion. C'est là que Pompeo intervient, avec comme but de sauver l'oeuvre du Génie italien.
Grâce à lui, nous pouvons, 500 ans plus tard, admirer tout ça. C'est souvent assez abscons, technique - Vinci en initiateur du dessin industriel avec les plans de ses futures constructions - mais cela reste du Vinci.

De zoulis bonhommes pour bien expliquer tout.
Manuel d'ingénierie

Ici, il est bien plus question d'architecture et d'ingénierie que d'art pictural. Beaucoup d'armes, dans le lot. C'est qu'on aimait la guerre, à l'époque... De jolis plans de catapultes, avec quand même de petits bonhommes rigolos pour humaniser tout ça. Quelques dessins jetés à la va-vite pour un futur... char d'assaut. Mais, aussi, des idées pour améliorer la vie quotidienne des gens. On pense à cette machine pour déplacer des blocs de pierre. Ou à cette étude pour contrôler les écoulements des eaux du canal de Milan.
Dans l'exposition offerte par la Pinacothèque, chaque feuillet est accompagné de longs cartouches explicatifs. C'est verbeux, un peu, mais c'est surtout salutaire. Sans cela, le sens "historique" nous échapperait souvent. Une exposition à lire, en somme. Il ne faut pas en abuser mais, de temps, en temps, ce n'est pas si désagréable que cela. Et comme la Pinacothèque est en difficultés, aidons-là un peu.



Léonard de Vinci, il Genio
Pinacothèque de Paris,
Jusqu'au 31 janvier 2016

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