26 décembre 2015

Bilan 2015 : Trois souvenirs de ma jeunesse, meilleur film


Meilleur par rapport à qui, par rapport à quoi ? Et puis selon quels critères, surtout ? Partons du principe que tout cela est forcément subjectif. Et qu'il y a là, bien sûr, un petit côté maître d'école un peu ridicule. On en convient. Mais on aime les bilans et les statistiques, que voulez-vous...

36 films vus cette année. Exactement comme en 2014, contre 39 en 2013 et 32 en 2012 - on tient un rythme pas si dégueulasse que cela, mine de rien. Dans le lot, 13 en français et 23 étrangers.

Les notes ? De 3/20 à Unfriended jusqu'à 17 pour Trois souvenirs de ma jeunesse, qui succède donc à notre palmarès à Mommy. Le tout pour une moyenne de 10,4/20, quand nous étions à 10,2 en 2014. 

Dans le détail, d'ailleurs : 4 fois la mention "excellent" (contre 6 fois en 2012, 2013 et 2014), 10 fois celle "à voir", tandis que 11 films ont été qualifiés de "moyens" et que, pour  11 autres, j'aurais mieux fait de passer mon chemin ("on peut s'en passer").

Mais place au top 10, qui pointe à 14,2/20 de moyenne (pour mémoire, c'était 15,5 en 2014, 15 en 2013 et 14,5 en 2012) :

1/ Trois souvenirs de ma jeunesse, Arnaud Desplechin.
Arnaud Desplechin signe le film de l'année.
Paul Dédalus, comme autrefois Julien Sorel. Chaque époque à ses héros romantiques, et la nôtre devra se souvenir de ce si joli Trois souvenirs de ma jeunesse. Desplechin s'attache une fois de plus à la jeunesse. A l'adolescence sublimée. A l'amour surtout. C'est mélancolique et enjoué à la fois. Gai et triste. A vous donner le sourire et vous filer le bourdon. C'est tout ça à la fois. Un doux mélange, grandiose, de sentiments, de sensations. Scénario, mise en scène, dialogues et jeu des acteurs : tout y est parfait.



2/ Mia Madre, Nanni Moretti.
Elle va mourir la mamma... Or, une mère qui s'en va, ce n'est pas une disparition comme une autre. C'est toute une famille qui éclate, une enfance qui s'évanouit. Vous pouvez avoir 20 ans ou 60, c'est toujours un drame. Mia Madre, de Nanni Moretti, c'est cela. La mort qui approche, inéluctable, et qui, même si elle est dans l'ordre des choses, vient cueillir tout le monde à froid. Un grand film, tendre à l'infini, qui rend hommage à toutes les mères.



3/ Hungry Hearts, Saverio Costanzo.
On défie quiconque entrera dans sa salle de cinéma pour voir Hungry Hearts ne pas en sortir avec un sentiment d'oppression. Hein ? Quoi ?! Un film qui vous met dans cet état, quelle drôle d'idée, ce sera sans vous ? Surtout pas. C'est, au contraire, une intense et sublime sensation que de se sentir ainsi retourné, bouleversé, appelez ça comme vous voulez, par un film. Il est question d'amour, il est question de couple, il est question de folie, aussi, de maternité mal, ou trop assumée. Il est question de tensions, surtout, de noirceur, de suspense, de drame : Hungry Hearts en terrible et malsain huis clos empli d'amour et de souffrance, d'incompréhension. L'histoire d'une mère surprotectrice qui, petit à petit, sombre dans la folie. Et d'un père, surtout, qui doit se dépatouiller avec tout ça.



4/ Vice Versa, Pete Docter et Ronnie del Carmen.
Vice Versa, c’est l’histoire, simple mais efficace, de Riley, 11 ans. Petite fille unique, choyée par papa et maman, Riley subit le traumatisme d’un déménagement depuis son Minnesota natal, jusqu’à San Francisco. Un choc cruel qui, dans son cerveau – rebaptisé centre de commandement – pose beaucoup de questions à Joie, Tristesse, Peur, Colère et Dégoût. Qui ça ? Les sentiments, magnifiquement humanisés - d’où les majuscules -, qui se tiraillent à l’intérieur de Riley, et lui font vivre ses émotions, ses réactions. Un film d'animation joliment nostalgique et poétique, livré par Pixar.




5/ Big Eyes, Tim Burton.

Il est des évidences qui s'imposent dès les premières images. Même dès le générique. C'est complètement irrationnel, mais pourtant on sait. On le pressent. Ce film, qui commence, il va nous plaire. Alors on soupire d'aise, et on se laisse embarquer. Il en va ainsi avec Big Eyes, de Tim Burton. Le cadrage. La manière de poser la caméra. La photographie. Ça fait tilt d'emblée et le cerveau distille à foison ses dopamines. Big Eyes est l'histoire vraie de Margaret Keane, peintre spoliée par son mari, qui s'est arrogé la paternité de l'oeuvre. Tim Burton en tire un film étonnamment sage, mais franchement très bon.



6/ Asphalte, Samuel Benchetrit.
Il n'y aura pas de demi-mesure avec cet Asphalte. Ce sera blanc ou noir, on adorera ou détestera, mais jamais gris. Ce film, empli de douce poésie, parle au coeur. Nous, il nous a touchés en plein dedans. C'est bien simple : on n'a pas encore atterri depuis. On a été happé par l'histoire. Par les vies tristes et mornes de cet immeuble délabré. Sternkowitz (Gustave Kervern), en fauteuil roulant, qui doit filouter pour prendre un ascenseur qui lui est interdit. L'infirmière (Valeria Bruni-Tedeschi), si touchante d'humanité. Madame Hamida (Tassadit Mandi), mère courage exemplaire. Jeanne Meyer (Isabelle Huppert), actrice has-been, star des 80's désormais reconvertie dans la vodka. Et puis Charly (Jules Benchetrit), parfait de candeur adolescente et d'optimisme béat, pas encore abîmé. Difficile de résumer davantage : Asphalte se regarde et se savoure.



7/ Un + Une, Claude Lelouch.
Au début, l'impression, franchement agréable - parce que complètement inattendue - d'assister à quelque-chose de grand.  Et puis une fin qui vient doucher notre enthousiasme. Mais, quand même, en dépit de cette impression finalement mitigée,  quelques scènes assez fabuleuses qui restent gravées dans les esprits. Celle, notamment, magistrale, du dîner de l'ambassadeur, où Antoine (Jean Dujardin), compositeur de musique de film, en mission en Inde, rencontre Anna (Elsa Zylberstein), la femme de l'ambassadeur. Cinq bonnes minutes de pur bonheur qui, à elles seules, sauvent le film. Film qui est, d'une manière générale, tiré vers le haut par ses dialogues, souvent excellents.



8/ Mon roi, Maïwenn.
Cela nous avait déjà marqués avec Polisse. Ce sens des dialogues, précis, drôles, profonds. Qui font mouche. Sourire ou réfléchir. Parfois les deux en même temps. Maïwenn réussit, avec Mon roi, son grand retour, quatre ans après son dernier film. Elle parvient même, ce qui pour nous est complètement dingue, à nous faire aimer Vincent Cassel que, d'ordinaire...
Alors, même si Mon roi est un peu long, sa force est réelle. Et, surtout, on en sort comme essoré, tellement on passe, deux heures durant, par à peu près tous les sentiments. Une histoire d'amour complètement dingue, avec des hauts, très hauts, et des bas, très bas... Jamais simple. Mille fois tenté, 990 fois raté. Maïwenn, elle, réussit son coup.



9/ Sicario, Denis Villeneuve.
Sicario c'est, dès la première scène, la certitude que l'on ne sera pas déçu. Et on ne l'est pas, ça non alors. Du bon vieux thriller, à l'ancienne, c'est-à-dire labourant un sillon déjà tracé, mais puisque c'est fait avec grand talent, nous, on en redemande. Nous sommes quelque part dans l'Arizona, à la frontière mexicaine. Kate (Emily Blunt), agent du FBI local, est repérée par un commando d'agents de la CIA, emmené par Matt (Josh Brolin) et Alejandro (Benicio del Toro), pour mener avec eux la lutte, sanglante et sans-merci, contre les cartels de la drogue mexicains. Dans ce combat, à qui se fier ? Qui, et où sont les bons, les méchants ? Tous les moyens sont-ils bons pour engager la bataille ? Le thriller est riche, l'intrigue palpitante. Et les moments de cinéma - on parle de plans, de lumière, de jeu des acteurs - fréquents. Ne surtout pas bouder son plaisir.



10/ Every Thing Will Be Fine, Wim Wenders.
Peut-on se défaire de son passé ? Si oui, comment ? Wim Wenders se penche sur la question de la rédemption avec Every Thing Will Be Fine. Et si son film est d'un grand classicisme, pour une fois ce n'est pas grave, tant il est servi par une belle histoire et un sens de la photo rare. Tomas (James Franco), écrivain en mal d'inspiration, prend sa voiture, sur des routes enneigées. Il vient de s'engueuler avec sa meuf et pense à plein de trucs, comme on le fait dans ces cas-là. Téléphone. Textote. Bref, décompresse. Quand soudain, paf le môme... Avec, dans le rôle de la mère dévastée, une toujours très juste Charlotte Gainsbourg.



Voilà pour le top 10, très réjouissant cette année. Place aux récompenses, maintenant :

Quentin Dolmaire est la révélation n°1 de l'année.
Meilleur film : Trois souvenirs de ma jeunesse

Meilleur réalisateur : Wim Wenders, pour Every Thing Will Be Fine

Meilleur acteur : Vincent Cassel, pour Mon roi

Meilleure actrice : Amy Adams, pour Big Eyes

Révélation masculine : Quentin Dolmaire, pour Trois souvenirs de ma jeunesse

Révélation féminine : Alba Rohrwacher, pour Hungry Hearts

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