Lascaux à Paris, pour quiconque s'attend à des reconstitutions somptueuses, s'avère décevant. A peine quelques pans de la grotte sont présentés en fac-similé... C'est peu.
On a beau y rester deux bonnes heures, on repart de Lascaux à Paris avec un petit arrière-goût de déception en bouche. D'abord parce que l'exposition, présentée Porte de Versailles, est chère, très chère : 15,90 euros... Ensuite parce que l'organisation des salles laisse largement à désirer.
Comment ne pas ainsi parler de ces installations en double... Pour fluidifier le trafic ? Ou pour donner une impression de masse à ce qui est finalement assez faiblard ? On hésite encore, mais ne cesse de s'interroger...
Huit témoignages à la file, c'est beaucoup...
Qu'importe, à vrai dire, car le pire est ailleurs. Il est dans cette présentation, en fin d'exposition, de huit témoignages d'experts et/ou d'amoureux de Lascaux, proposés à la file. Un non-sens parfait qui, si l'on fait preuve d'abnégation, nous fait rester piétiner sur place un bon quart d'heure le temps d'écouter l'ensemble, via l'audioguide (fourni sans supplément de prix).
Autant dire que personne n'a la patience... C'est bien dommage car ces commentaires, bien qu'inégaux, sont plutôt intéressants. Et devoir les zapper aggrave ce sentiment final de déception. Pourquoi diable ne pas les avoir dispatchés dans les différentes salles ? On se demande franchement, parfois, à quoi peuvent penser les commissaires d'exposition...
Reconstitutions trop peu nombreuses
Une seule représentation humaine à Lascaux Ici proposée en fac-similé, Porte de Versailles. |
Et s'il n'y avait que la forme qui posait problème... Malheureusement, le fond laisse lui aussi à désirer. Certes, on reste deux bonnes heures dans l'expo, mais on cherche surtout, en vain, ce petit quelque chose qui va nous faire dire : "c'est bon, j'en ai pour mon argent".
Sans doute ce manque vient-il d'une incompréhension initiale. On s'attendait à voir Lascaux reconstituée. Or, c'est juste le cas pour quatre ou cinq pans de la grotte. Soit, en tout et pour tout, quinze petits mètres seulement. Allez, on vous le fait à vingt mètres, et c'est notre dernier prix...
Le reste, ce sont des maquettes et des panneaux explicatifs. Pas mauvais, cela dit, qu'on ne nous fasse pas dire ce qu'on n'a pas dit. C'est clair et bien fait mais sans rien, jamais, qui nous scotche sur place. Or, ici même, Porte de Versailles, on a déjà vu deux expos similaires, Toutankhamon et Titanic qui, elles, réussissaient cet exploit. C'est donc possible...
A la poursuite de lapinou
A défaut, on lit les panneaux et écoute l'audioguide avec plaisir. Cela nous permet de mettre à jour nos connaissances. Nous sommes en 1940, sur la commune de Montignac, en Dordogne. Un chien court après un lapin. Le pauvre lapinou trouve refuge dans un trou, formé par un arbre fraîchement déraciné. Le chien le poursuit et reste coincé - on ne sait, en revanche, ce qu'il advint du lapin.
Le jeune Marcel Ravidat, avec ses amis, intervient pour libérer le toutou. Il ne le sait pas encore mais il vient de découvrir la grotte de Lascaux (Marcel, pas le chien). Voilà 8000 ans qu'un éboulis l'avait coupée du monde, cette grotte où, 200 siècles plutôt, soit 20.000 ans, des hommes, comme Marcel, comme vous, comme nous, s'amusaient à dessiner.
Et pas qu'un peu : près de 2000 représentations, signes énigmatiques ou animaux, ont été répertoriées à Lascaux. Dans le lot, un seul dessin d'une figure humaine. Et encore, humaine... Un homme à tête d'oiseau, stylisé, en érection, coincé entre deux animaux, aux traits parfaitement maîtrisés, eux.
C'est évidemment sublime. Le plus imposant étant peut être dans ces fresques immenses de cinq mètres sur quatre, représentants des taureaux... Marcel Revidat et ses amis viennent de faire l'une des plus formidables découvertes de l'histoire de l'humanité. Très vite, évidemment, cela se sait. La foule des visiteurs afflue. Nombreuse. Trop nombreuse.
Entre 1948 et 1963, plus de un million de personnes visitent ainsi Lascaux dont, rien que la dernière année, 200.000. C'est plus que cette pauvre grotte ne peut supporter. Malraux, ministre de la Culture, décide alors d'interdire les visites et de lancer la construction d'un fac-similé, juste à côté. Il faut vingt ans de travaux pour que s'ouvre enfin Lascaux II, en 1983. C'est lui que l'on visite aujourd'hui - et Lascaux III, en attendant Lascaux IV - et bien sûr plus la grotte originale, trop fragile.
Paris, Porte de Versailles
Jusqu'au 30 août 2015
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