Trois souvenirs de ma jeunesse s'inscrit dans la veine des grands films romantiques sur l'adolescence et, bien plus que cela, l'amour. Le pur, le vrai, le dur. Scénario, mise en scène, dialogues et jeu des acteurs : tout y est parfait. A voir, absolument.
Paul Dédalus, comme autrefois Julien Sorel. Chaque époque à ses héros romantiques, et la nôtre devra se souvenir de ce si joli Trois souvenirs de ma jeunesse, d'Arnaud Desplechin. Qu'on est heureux, à vrai dire, de retrouver Desplechin dans ce qu'il sait le mieux faire, après le difficile Jimmy P.
Desplechin s'attache une fois de plus à la jeunesse. A l'adolescence sublimée. A l'amour surtout. C'est mélancolique et enjoué à la fois. Gai et triste. A vous donner le sourire et vous filer le bourdon. C'est tout ça à la fois. Un doux mélange, grandiose, de sentiments, de sensations.
Adolescence sublimée et amours mortes
Adolescence sublimée et amours mortes
Beauté pure et naturelle que celle de Lou Roy-Lecollinet, aka Esther dans le film. |
Paul Dédalus, joué par Mathieu Amalric, la quarantaine installée, quitte le Tadjikistan pour rejoindre Paris. Voilà des années qu'il n'a plus revu la France... Qu'a-t-il fui, alors ? Car il a fui quelque chose, forcément. On ne quitte pas son pays comme ça, sans raison.
Pour l'heure, on n'en sait rien. Mais voilà qu'un banal contrôle douanier nous donne l'occasion de le savoir enfin. Paul se souvient... Trois souvenirs de sa jeunesse à Roubaix. Sa mère, quand il était petit. Puis ses 16 ans et un mémorable voyage à Minsk, alors en URSS. Et enfin ses 19 ans, ses glorieuses premières années dans la vie d'adulte et la découverte de l'amour, le vrai, le pur. Elle s'appelait Esther. Il ne l'a jamais oubliée... Il se souvient d'elle et de tant d'autres choses...
Trois souvenirs de ma jeunesse, en dépit de son titre, n'est pas un film à tiroir. Non plus un film à flashbacks. C'est diablement plus subtil. Plus malin. Il est question d'adolescence sublimée, de temps qui passe. Des amours mortes et qui, bien longtemps après avoir disparu, continuent de nous pourrir de l'intérieur. De celles qu'on n'oublie pas. Qui ne s'oublient pas. Et dont on ne se remet pas non plus. Ou mal, ou peu, ce qui revient finalement au même.
Dandy romantique
Quentin Dolmaire, futur César de la Révélation masculine... |
De ce thème très classique, Desplechin livre une épopée d'un romantisme fou. Lyrique. Le couple d'acteur formé par Quentin Dolmaire (Paul Dédalus jeune) et Lou Roy-Lecollinet (Esther) est absolument sublime. Porté par des dialogues très travaillés qui flirtent parfois avec l'incohérence tant le français parlé est parfois précieux, mais sans jamais sortir de piste. Au contraire, cela renforce le poids de la scène qui se joue. Le poids de la psychologie, disons particulière, de ce charmant Paul Dédalus, dandy intello-romantique à fleur de peau.
Cette préciosité du langage passe magnifiquement. Elle est belle et rend intelligent. Elle installe, surtout, un faux rythme diablement intéressant, qui laisse le temps aux silences, aux jeux de regard. En un mot : à l'introspection. Le tout avec un effet film de bande - les ami(e)s de Paul et Esther franchement ragaillardissant. Du grand Desplechin donc, avec une maîtrise du scénario parfaite, et une mise en scène d'une grande finesse et sobriété.
Cette préciosité du langage passe magnifiquement. Elle est belle et rend intelligent. Elle installe, surtout, un faux rythme diablement intéressant, qui laisse le temps aux silences, aux jeux de regard. En un mot : à l'introspection. Le tout avec un effet film de bande - les ami(e)s de Paul et Esther franchement ragaillardissant. Du grand Desplechin donc, avec une maîtrise du scénario parfaite, et une mise en scène d'une grande finesse et sobriété.
Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 17/20
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