20 avril 2013

"Les Gamins" : une gaminerie foutraque pour adolescent attardé

Pas la comédie de l'année, non, mais drôle, ce qui est déjà bien. Les Gamins n'entrera sûrement pas dans la légende, mais c'est l'assurance de passer un bon moment au cinéma. Par les temps qui courent, suffisamment rare...

 
On l'a présenté comme la comédie de l'année. J'espère que ce n'est pas vrai, sinon l'année ne sera pas franchement mémorable. Ceci mis à part, Les Gamins est une gaminerie bien sympathique, avec un Chabat drôle comme il sait l'être, et un Max Boublil moins agaçant qu'il ne peut l'être.
Alain Chabat est Gilbert, quinqua marié depuis trente ans à une passionaria de la cause bio, Sandrine Kiberlain. Gilbert s'emmerde. Et pas qu'un peu. Avachi sur son canapé, il ressasse ses échecs - plutôt ses errements, ses abandons. Il voulait être musicien, jeune, éternellement jeune. Il est devenu mari, père, puis, enfin, vieux... Ça lui éclate à la gueule quand sa fille Lola (Mélanie Bernier, aucun rapport avec Michèle) lui présente Thomas (Max Boublil), et annonce son futur mariage. Thomas est une sorte de mini lui, avec 20 ans de moins. Et ses rêves évanouis, Gilbert va faire en sorte que Thomas, lui, ne passe pas à côté. Ou plutôt, disons qu'il va l'embarquer dans sa crise de la cinquantaine. Deux adultes qui replongent en enfance. Se comportent comme des gamins. Au moins l'explication du titre est évidente...
 
Drôle mais pas forcément très original
 
La force du film - commençons par cela, car sans que ce soit génialissime, Les Gamins fait rire, ce qui, déjà, vaut tous les pouces levés - c'est leur duo, à tous les deux. Ils s'amusent à jouer ensemble, et nous aussi, avec eux. Le scénario n'est pas dégueulasse, lui non plus. Qu'on s'entende bien, on sent tout venir cinq minutes avant, mais l'avantage, c'est que le rythme est régulier. Si on ne décolle pas à des altitudes vertigineuses, on n'a pas ces yo-yo qui, trop souvent, nous font sortir des films. C'est ici plutôt linéaire, toujours avec un petit côté funambule, frôlant souvent avec le graveleux, le lourd, mais tout en restant joliment en équilibre.
Bien joué et bien écrit, que demander de plus alors? Un peu de surprise, sans doute. Les Gamins en manque cruellement. C'est très attendu, toujours. Bien fait, drôle, mais attendu... Et déjà vu, aussi. Les références sont aisées à repérer. Ce ne sont pas les pires, d'ailleurs. Il y a du American Pie dans ce film et, mieux encore, du Judd Apatow. Le tout à la française. Mais est-ce le rôle d'un réalisateur français que de suivre le pas des Ricains? Pas sûr.
Les Gamins est un bon film, car il est drôle, mais son absence d'originalité vient lui nuire. Oh! pas forcément sur le moment. En sortant, on est joyeux, content. "Qu'est-ce qu'ils sont cons, mais qu'est-ce qu'ils sont cons", se dit-on alors bêtement, un petit sourire au coin des lèvres. Mais après, quelques heures plus tard, le lendemain, qu'en reste-t-il? Un Radiostars, bien moins ambitieux, sorti l'année dernière, me semble plus profond, lui. Car plus unique. Les Gamins, en creusant un sillon déjà bien emprunté, fait dans l'efficace, mais pas dans le mémorable.

Ils s'amusent. Et nous aussi, donc.
A tous ceux qui ne veulent pas devenir adultes
 
Pour autant, les dialogues font souvent mouche. C'est potache, un brin lourdingue, mais assumé. Donc ça passe. Et ça fait rire parce que c'est lourd et assumé, justement. C'est très masculin, aussi, je pense. Dans le sens où Chabat et Boublil se font plaisir et se donnent les bons rôles, avec des réactions très masculines - machos? égoïstes? - qui, peut-être, je dis bien peut-être, vont moins marquer nos amies du beau sexe.
Les rôles féminins, d'ailleurs, parlons-en. En dessous. Moins présents. Moins forts. Sandrine Kiberlain est effacée par rapport à ses compères. Mélanie Bernier, elle, dispose d'un rôle plus important. Mais foutrement sérieux. La tête sur les épaules. Adulte. Donc chiante, en fait. Ce qui nous permet de toucher du doigt, enfin, le public à qui est destiné Les Gamins. Qui ça, alors? Les éternels ados, ceux qui refusent de grandir, de devenir adulte. Je crois que nous sommes nombreux dans ce cas. Je crois que c'est bon signe pour le box-office.
 
 
 
Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 12/20
 

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